« Magie Noire » et grosse réussite.
Un peu plus d’un an après la sortie de son premier EP – InigEP01 – Iñigo Montoya est de retour dans le coin. Et les quatre garçons qui composent le projet – Pierre Plantin, Quentin Convard, Adrien Pallot, Louis Delorme – sont un peu remontés. Contre les bureaucrates corrompus qui gangrènent le système et l’entraînent dans une chute inexorable, notamment. L’effet Loi Travail, Platoche, 49-3, sans doute. Ou peut-être même quelque chose d’un peu plus profond, sachant que Pierre, dans un passé pas si lointain, planchait à l’occasion d’un séjour montréalais sur Godspeed You ! Black Emperor, dont on sait bien les vertus contestataires et viscéralement anticapitalistes. Toute une histoire.
La corruption globalisante de la France (et d’ailleurs) qui ne dort pas trop (parce qu’elle renifle de la poudre blanche à la place), c’est ainsi le propos de « Magie Noire » et de son clip, que l’on a bien été obligé, vu sa qualité esthétique et la manière dont il a été mené, de désigner très rapidement « clip de la semaine ». Comme ceux de « Après le Serpent » et de « Nuit Blanche », et des différents visuels du groupe, celui-ci est signé par le duo ZEUGL (Lolita Do Peso Diogo et Gabriel Weber), en charge de l’identité visuelle globale d’Iñigo et de beaucoup d’autres (avec une assiduité diverse, on les sait associés à Moodoïd, à Amarillo, à L’Impératrice, à Caandides). ZEUGL, il nous l’explique d’ailleurs, ce clip impeccable qui nous a aussi un peu fait penser, dans sa thématique comme dans sa réalisation, à celui de « Bad Kingdom », proposé par Moderat et par le studio berlinois Pfadfinderei. Gabriel :
« Nous avons simplement retranscrit la métaphore du texte (qui compare l’indécence et la corruption bureaucratique à de la magie noire) en une histoire caricaturale d’un complot patronal où les scandales s’enchaînent et où la panoplie de l’homme d’affaire évoque celle du sorcier. La montre devient boule de cristal; le lingot: ingrédient magique; le contrat: pacte satanique; le café: chaudron; etc. Plus précisément, nous avons joué avec les correspondances de formes et d’ergonomie qui existent entre les accessoires bureaucratiques et magiques pour associer la perfidie des seconds à la réputation des premiers. Quant à l’apparence, le trait et les couleurs demeurent schématiques, proches d’un style de bande-dessinée (dont nous empruntons d’ailleurs la « bulle ») et du clip art, afin d’optimiser la lisibilité des figures, des situations et de la narration. Ce laconisme des signes favorise, nous croyons, une lecture symboliste plutôt que naturaliste – qui manquerait le propos du clip. Enfin, certains percevront peut-être, dans ces scènes satyriques et infamantes, le récit d’un fait réel et récent. Mais toute ressemblance avec des évènements ou des personnes existantes ou ayant existé s’avère fortuite. »