le Gift Shop du Grand Mix travaille de la perception avec le n° 8 de Roven
Traçons la route culturelle au crayon HB avec la revue ROVEN consacrée, concentrée, centrée autour du dessin.
Le dessin y est toujours un art en soi et pour soi, exploré à travers le Dessin diagrammique qui revient à l’origine du geste, à son impulsion. Et voilà comment débarquent Deleuze, Bacon, ou Klee.
» Pour le dire vite, le diagramme serait ce qui précède la pensée. Il est la notation du non-encore-pensée et désigne le lieu intermédiaire où l’informe, orienté par la seule intuition, s’ouvre au devenir des forces en jeu dans ce qui émerge. » (Bénédicte Letellier résumant la pensée de Deleuze dans « Saisir la pensée diagrammique, lectures plurielles »)
Ou encore « Très souvent, les marques involontaires sont beaucoup plus suggestives que les autres (…) Les marques sont faites et on considère la chose comme on ferait d’une sorte de diagramme. Et l’on voit à l’intérieur de ce diagramme les possibilités de faits de toutes sortes s’implanter. » (Francis Bacon)
De quoi regarder son powerpoint et ses graphiques d’un autre oeil… Avec l’artiste Mark Lombardi notamment:
On se penche aussi sur le dessin-écrit, l’enluminure hallucinée du poète « prophète » anglais, William Blake. Considéré fou par ses pairs, il s’offre dans Jerusalem. L’émanation du géant d’Albion, un écrin pour une mythographie inspirée des religions et des mythologies existantes et pourtant dégagée de leurs contraintes. « Je dois créer un système ou être l’esclave de celui d’un autre homme » déclare Los, personnage venu sauver un Albion végétatif, symbole de l’Angleterre conservatrice du début du XIXème.
L ‘ouvrage écrit/gravé entre 1804 et 1820 est rare et fiévreux. A un niveau purement visuel, le sombre poète explore, en une dizaine de « plaques » et à l’aide d’une technique de gravure inédite, la relation, à l’époque inexistante, entre dessin et texte. Ca mérite le coup d’œil et comme William Blake a un blog, ça tombe pas mal ;
On l’aura perçu, dans cette excellente revue semestrielle, la référence fait la foire, c’est l’orgie de pistes de réflexion. A peine sorti de Blake, on se plonge dans un intelligent dossier sur Dessin et Politique qui exerce sa pensée hors des sentiers rabattus:
« L’idée qu’à l’évidence l’art authentique ne pourrait avoir d’autre visée que subversive, d’autre justification que morale, politique et sociale ; et que la jouissance esthétique ne saurait soutenir à elle seule les puissantes ambitions dont il se retrouve chargé en tant que représentant de la valeur de marginalité. » (Nathalie Heinich dans Art et compulsion critique.)
Oui, ça remue la méninge mais ça vaut le coup de s’accrocher.
En vrac dans ce numéro 8 collection Automne-hiver de Roven, un article sur une décennie (1968/78) de Poem-Pictures.
Sans oublier le plaisir de la simple contemplation avec un portfolio d’Antoine Desailly qui offre son dessin comme sample en couverture de ce numéro 8
Ou encore l’Imagerie d’Imagier et les bestiaires barrés de Guillaume Dégé…
Enrichir, réveiller, stimuler, caresser, et d’un trait de dessin, laisser les routes secondaires se démultiplier, se ramifier comme une encre nervure un papier gramé. Jamais on a autant obtenu d’une collection automne-hiver
Roven c’est un blog, faites vous une idée…Roven sera présentée au salon Drawing Now à Montpellier.
ROVEN N°8, Revue critique sur le dessin contemporain, automne-hiver 2012-2013, 125 pages, roven éditions, 18€