Un autodidacte raffiné !
Henri Rousseau (1844-1910) est un peintre français, surnommé le douanier car il travaillait dans un « Octroi ». Autodidacte, il a du attendre la cinquantaine pour commencer à être apprécié. Sa constance a vaincu les moqueries ! Sa vie a été dure, il a même fait de la prison pour un larcin, s’est engagé dans l’armée, a perdu 7 de ses 8 enfants de maladie, et vivra de ce petit poste de gardien.
Ses peinture deviennent vite exotiques – notamment ses « jungles » – alors qu’il n’a jamais quitté la France ! Il s’inspire d’albums et de revues, et de récits d’aventure. C’est vers 1891 qu’il va rencontrer d’autres artistes : Robert Delaunay, Guillaume Apollinaire, Paul Gauguin, Toulouse Lautrec, Pablo Picasso. Non seulement ils vont l’apprécier mais aussi le collectionner. Il va même influencer les surréalistes.
Sa peinture, d’apparence maladroite, laisse vite apparaître des qualités rares : des corps massifs, des visages archaïques, des détails troublants et une palette bien plus travaillée qu’il n’y paraît. Une atmosphère de gentillesse inquiétante. En 1886, il tente le salon des indépendants (il a 42 ans), où il se fait traiter de peintre du dimanche. Il sera longtemps moqué. Mais il s’obstine et tout doucement il va être apprécié d’André Derain ou Henri Matisse, alors en plein fauvisme. Un an avant sa mort, il vend enfin quelques toiles au marchand Ambroise Vollard et peut s’acheter un atelier dans le 14eme arrondissement (encore une campagne à l’époque !).
Mais si vous regardez ses tableaux si posés, si nets, si fermes et détaillés, malgré l’absence de perspective et des proportions discutables, il en ressort une impression de force et de modernisme. Rien de gentillet, ni de simple ou naïf ! Il a peint environ 250 tableaux dont 100 de perdus ! Mais les peintres l’ont élu de son vivant, reconnaissant son originalité, une forme de sauvagerie fantasmée … On dit qu’il ressemble aux primitifs italiens, on y voit les aplats de Paolo UCCELLO.
Il est un excentrique certes, et formé tout seul, mais il a le sens du merveilleux, il est moderne car il ne respecte aucune norme et qu’il renoue même avec un certain archaïsme (un style à l’ancienne, faisant penser à l’Art Roman , comme à des miniatures mogholes, mais aussi aux ex-votos des marins !) Or Gauguin, Matisse, Picasso veulent aussi renouer avec les estampes asiatiques, des styles romans ou africains…C’est ça la liberté nouvelle.
Ses jungles inspirées du jardin botanique, de revues et de cartes postales ressemblent à des tapisseries fantastiques, ordonnées et invraisemblables. Regardez les images de Rousseau, faussement simples, et toujours impressionnantes ! On ne l’a d’ailleurs jamais oublié, il est toujours là.
Rousseau . L’innocence archaïque . Du 22 Mars au 17 Juillet au musée d’Orsay .
_ Catalogue de 270 pages. 150 illustrations . 42 Euros. ( Orsay + Hazan éditeurs)
_ Documentaire de 52 mn : « le douanier Rousseau ou l’éclosion moderne. »