Le film noir ne cache jamais ses teintes sociales. Encore moins chez Rabah Ameur-ZaÏmeche.
Avec Le gang des bois du temple, Rabah Ameur-Zaïmeche confirme une position d’observateur. Si le nouveau film du réalisateur de Wesh Wesh qu’est-ce qui se passe ? s’installe plus pleinement dans le cinéma de genre, en suivant un casse monté par une bande issue d’une cité de banlieue, l’humeur est plus à la chronique sociale qu’au polar. Ou alors de la même manière que le faisait le cinéma comportementaliste d’un Melville.
Ameur-Zaïmeche l’accompagne avec cette bande aux airs de Robins des bois, protecteurs de leur quartier. Même lorsqu’il filme leurs temps morts, c’est pour essayer de les extraire d’une prédestination qui finira malgré tout par les rattraper. Alors, autant leur offrir un sursis avec de vibrantes scènes de vie ordinaire, purs moments de fraternité. Le point de départ est un authentique fait divers arrivé il y a une dizaine d’années, ou une bande de loulous avaient eu la mauvaise idée de braquer un prince saoudien.
Le Gang des bois du temple en fait aujourd’hui le constat d’une décomposition sociale qu’il propose d’endiguer par une autre politique de la ville, plus intime, plus solidaire. Tout en étant conscient que dans le climat actuel, elle tient d’une utopie autour d’une toujours plus improbable redistribution des richesses, Ameur-Zaïmeche, en fait à la fois la colère et la lumière qui illuminent un film noir parce que c’est la couleur d’une époque où l’on vit mal sous le règne d’un capitalisme ayant redéfini la lutte des classes.
En salles le 6 septembre