Ou le retour du refoulé homosexuel au coeur du hip hop
Signe d’une évolution du milieu de la rime saccadée, de plus en plus de rappeurs font leur “coming out” et révèlent au grand jour leur homosexualité. Sur scène comme dans leurs clips, les “Gayngsta Rappers” n’ont plus peur d’afficher leurs différences avec le “modèle standard” du gros dur hétéronormé, homophobe et collectionneur de savonneuses à voiture – façon Elephant(e) Bleu à forte poitrine.
Homophobe le monde du rap ? C’est en tout cas ce qu’affirme Terrance Dean, un ancien directeur exécutif de MTV qui a côtoyé les principales figures d’Hollywood et de l’industrie du hip hop pendant 10 ans. Dans son livre Hiding in Hip Hop: On the Down Low in the Entertainment Industry–from Music to Hollywood, paru en 2008, il révèle les penchants homosexuels d’un certain nombre de célébrités – en prenant quand même soin de leur donner un pseudonyme, histoire de ne pas (trop) leur nuire – et égraine toutes les difficultés des pseudo-dites personnes à vivre sereinement leur sexualité. Et oui, les clichés ont la vie dure, et dans l’univers du show-gangsta-biz, notoriété et homosexualité ne font pas toujours bon ménage. Etant lui-même homosexuel, Terrance Dean affirme avoir rédigé ses mémoires sur la face cachée du hip hop pour donner une voix à tous ceux qui dans l’industrie du film et de la musique « se démènent avec leur sexualité ».
Plus récemment, en juillet 2012, Frank Ocean a révélé son homosexualité sur Tumblr. Un coming out 2.0 sur lequel l’artiste est revenu quelques mois plus tard, expliquant qu’il avait pleuré cette nuit-là… de soulagement.
Moins enclin à la dramaturgie que son confrère de la Nouvelle-Orléans, le rappeur new-yorkais Le1f (photo) préfère, lui, s’amuser de son penchant pour les hommes… et les poumpoum shorts, en mettant son homosexualité en scène dans ses clips – quitte à bousculer un peu, beaucoup, à la folie…etc les codes phallocentriques en vigueur dans sa communauté artistique. Dans un style drôle et percutant, ce fan de manga s’est livré au webzine Spin. Qu’on aime la démarche ou pas, difficile de nier la puissance oratoire de son flow et dérisoire de son jeu de jambes :