La house music a perdu son père.
Aujourd’hui, le monde a perdu une créativité majeure dans le monde de la musique électronique, l’homme que, à l’instar de James Brown, on nommait le Godfather de la House.
Le monde de la musique a perdu Frankie Knuckles, pionnier de la House music à Chicago, des suites des complications d’un diabète…
Frankie Knuckles nait dans le Bronx en 1955, Au début des années 70, il se tourne vers le DJing et est remarqué par celui qui deviendra un ami, Larry Levan, qui le fait beaucoup jouer à l’époque.
Mais la grande histoire de Frankie s’inscrit en filigranne d’un club qui deviendra mythique comme le bastion de la House : Le Warehouse, à Chicago. Frankie est le Dj associé au club lors de son ouverture et y joue les disques qu’il a toujours joués, de la soul et du R’n’B qui constituent les deux fondamentaux de la musique House. Mais aussi au fur et à mesure des années de la Disco, alors en état d’hégémonie absolue.
Pour beaucoup, c’est à Frankie Knuckles que l’on doit l’invention de la musique house. Les disques de disco qu’il jouait beaucoup connurent une ascension rapide mais aussi assez éphémère et la disco, qui avait alors beaucoup de détracteurs (musique trop exentrique, androgyne) fut rapidement confronté à un effet de lassitude de la part du public.
En effet, on peut délimiter l’explosion de la disco entre le premier choc pétrolier et le début des années 80. L’apparition du Sida, marque la fin d’un mouvement venu au bout de ses capacités par un processus d’overdose.
La disco était devenue la mine d’or des labels, et l’offre était si importante qu’elle atteint un niveau de saturation avec des gimmicks de création sans renouvellement qui tuèrent le genre.
En 1979, tout le monde fait de la disco… et cette hégémonie est concomitante avec les premières réactions, souvent racistes et homophobes, anti-disco. 1979 marque l’apogée de campagnes anti-disco («disco sucks») comme l’autodafé du 12 juillet 1979 au Comiskey Park de Chicago ayant dégénéré en émeute, revanche contre les femmes et les noirs dont le rôle était essentiel dans cette musique starifiée. On vous en parlait ici.
Autre cause de cette désaffection pour le disco, l’imposition de la nouvelle morale reaganienne qui imprègne tous les esprits: dès 1980, la disco est déclarée cliniquement morte par l’ensemble de la presse. Plutôt qu’un renouvèlement total s’ouvre alors une période post-disco et différents contre-mouvements disco voient le jour.
C’est à ce moment que le génie de Frankie Knuckles entre en jeu, il commence à jouer des disques d’import obscurs et à rééditer des disques disco pour maintenir les dancefloors en transe.
« Alors que la disco mourrait, nous avons commencé à travailler avec des boîtes à rythme, et faire des édits de vieilles chansons, pour garder l’attention de la crowd, leur faire écouter des classiques de façon différentes, d’autres personnes y ont perçu un nouveau moyen de composer, ont repris le concept et l’on travaillé ».
la révolution est musicale et aussi une rénovation de format, des morceaux de 8 à 10 minutes, très très loins des standards pop de l’époque.
Dès lors le public, majoritairement gay et noir devient fanatique de ce son que l’on joue là bas, à la Warehouse, et qui deviendra la House music aujourd’hui jouée dans le monde entier.
Au delà d’avoir créé le genre et sa signature sonore, Frankie Knuckles a aussi signé des classiques intemporels, Beyond The Mix en 1991, son premier hit, “Baby Wants To Ride”, des remixes pour Michael Jackson, quand même…
Le 29 Mars dernier il jouait encore au Ministry Of Sound…
Pour vous renseigner davantage
http://www.redbullmusicacademy.com/lectures/frankie-knuckles