Charanjit Singh, l’inventeur de l’Acid est décédé.
Charanjit Singh s’est éteint à Mumbai vendredi pendant son sommeil à l’âge de 75 ans. Une mort paisible pour un homme qui ne pouvait rester statique. Le grand précurseur de l’Acid House préparait encore un concert programmé à Londres pendant qu’un nouvel album Folk traditionnel indien fleurissait dans ses studios. (Re)dépeignons les traits de cette grande figure.
Eh non, l’Acid n’est pas un pur produit de Détroit. On ne se serait pas forcément douté que l’origine de l’Acide House trouve son nid dans le paysage bollywoodien. Mais c’est pourtant Charanjit Singh qui donne accidentellement naissance aux premières boucles du genre après un set à Singapour en 1985 (soit dix ans avant des premières lueurs d’Acid aux Etats-Unis). Alors bassiste de studio et piannoteur de synthé, Charanjit Singh n’a besoin que d’une cithare, d’une guitare et d’un chennala pour animer follement des mariages en Inde avec sa femme. Des années 60 aux années 90, il compose également moultes bandes originales pour des comédies bollywoodiennes.
@Stuart Aitken
Mais alors, l’artiste avait déjà une vision différente de l’utilisation que l’on pouvait faire d’un clavier. Dans le début des années 80, Charanjit Singh perçoit une nouvelle forme que peuvent prendre les percussions, la rythmique et l’harmonie des notes indiennes. Il bricole son premier synthétiseur en 1981 et commence à générer de l’Acid un peu par tâtonnements, par hasard. Par la suite il travaille notamment avec un synthétiseur Roland Jupiter 8 pour travailler ses polyphonies, une TR-808 pour élaborer son rythme et une TB303 pour lécher la ligne de basses. Et c’est ainsi qu’il arrive à concocter un nouveau genre à la frontière entre Giorgio Moroder et les chants traditionnels indiens.
Étrangement, ce n’est pas pour autant que Charanjit Singh trouve son public dans le pays des Hindous. Les raveurs n’étaient pas encore nés quand il triturait ses premières boites à rêves. D’ailleurs son premier album T’en Ragas to a Disco Beat sorti en 1982 fait un flop.
Son grand coup d’éclat se produit en 1989. C’est en Angleterre que le tube » We call it acieed » fait un carton dans le Top 50 et grimpe à la troisième place du classement. Pour le gouvernement Thatcher, c’est la goutte de trop. Le titre est vite censuré, considéré comme une incitation délibérée à la consommation de substances illicites. Ce n’est pas pour autant que les Ragas – ces mixtures de gammes issues de la musique classique hindoue – cessent à se propager. Le ton est donné. Dans les sets de Danny Rampling à Londres ou de Ron Hardy à Chicago, l’Acid House prend forme pour façonner ces bonnes vibration qui pincent nos basses dans les aïgus dans le monde entier et qui raisonnent aujourd’hui encore.
On vous laisse vous éveiller avec un « Raga Todi« , la tonalité mélodique indienne du matin. Parce que c’était là tout l’art de Charanjit Singh. Jouer de « bons Ragas » aux sonorités acides pour nous faire décoller.