Le meilleur de la nouvelle internationale à Téhéran !
Ravis nous sommes, ravis nous étions de découvrir la capitale de l’Iran, Téhéran. Ville de paradoxes, étendue à l’infini, polluée, saisissante. Voici, après une semaine, ce que l’on peut vous en raconter.
C’est simple : l’Iran a deux visages, un très dur, l’autre plus souple. Les lois, par exemple, sont pour la plupart particulièrement restrictives, et cela n’empêche pas toujours les Iraniens de vivre à leur manière.
Une dictature islamiste ?
L’Iran est marqué par la révolution islamique, en 1979, et l’arrivée au pouvoir, après le long règne du Chah, des mollahs et de celui qui se fait appeler « le guide suprême de la révolution, » l’ayatollah Khomeini. Régime qui a montré, en 2009, au moment de la révolution verte qu’il était encore profondément autoritaire. Hamze nous a raconté son exil forcé et son passage par la case prison, pour avoir participé activement à ces manifestations.
On connaît aussi de l’Iran son appétence pour l’arme nucléaire. Le 14 juillet dernier, sous les vivats de la foule, un accord a été trouvé. Au début de l’année prochaine, si tout se passe bien, les sanctions économiques de la communauté internationale devraient être levées. L’Iran a tout de même 135 millions d’euros d’avoirs à l’étranger, pour l’instant gelés.
L’Iran serait-il donc redevenu un pays fréquentable ? Quelles sont ses relations avec l’autre géant de la région, l’Arabie Saoudite ? Et comment se positionnent-ils face à Daesh ? Multiples questions d’actualité auxquelles le chercheur Thierry Coville a répondu sans langue de bois.
Des lois très dures, pas forcément respectées
Dans les faits, au-delà du nucléaire, comment vivent les Iraniens ? La loi est particulièrement restrictive. Parfois anecdotique : les Iraniens n’ont par exemple pas le droit d’avoir un chien, mais ils sont nombreux à en promener un, tard dans la nuit.
D’ailleurs la nuit, malgré l’interdiction de boire de l’alcool et de faire la fête, la jeunesse de Téhéran ne se prive de rien. Il suffit d’avoir des voisins sympa et de monter une cagnotte pour corrompre la police, si elle se ramène, comme nous l’a expliqué Mana. Ou alors d’organiser sa rave party loin de tout, dans le désert.
Souvent la loi est particulièrement contraignante pour les femmes. Obligation de porter le voile islamique (à ne pas confondre avec la burqa), par exemple. Mais elles sont près de 20 000 chaque année à se faire arrêter pour non-port du voile (elles ne risquent pas grand chose, dans les faits). Récemment, sur Instagram, des centaines de jeunes femmes ont dévoilé leurs cheveux pour se moquer des restrictions imposées par le régimepour prendre une photo d’identité. #kartemelichallenge
Autre loi, autre paradoxe : les Iraniens n’ont accès ni à Facebook, ni à Twitter, ni à plusieurs autres réseaux sociaux. Et pourtant le président Hassan Rohani est très présent sur Twitter. Même le « guide suprême de la révolution islamique », Khamenei, a une stratégie numérique bien huilée. Et tous les Iraniens utilisent des VPN, Virtual Private Network.
Mais parmi la liste, très longue, de lois restrictives, il y en a aussi qui, malheureusement, sont appliquées. Les homos (et non les trans) sont punis de la peine de mort par pendaison, si l’acte sexuel entre deux personnes du même sexe est prouvé… quatre fois. Oui, quatre fois. Avant, si c’est une, deux ou trois fois, et même s’il n’y a qu’un bisou, la peine est de dizaines de coups de fouets.
Pour ne pas vivre dans un pays où la liberté, au moins dans la loi, n’est qu’un mirage, les parents de l’écrivaine Abnousse Shalmani ont quitté l’Iran, direction la France, quand elle avait 8 ans. Elle nous a raconté son parcours, touchant, et teinté de la voix de la diva iranienne Googoosh.
La poésie, art national
Autre aspect de l’Iran qui nous a beaucoup intéressé cette semaine : sa culture. Et ses grands poètes, Hafez notamment. A chaque nouvel an (au printemps, le calendrier persan n’est pas le calendrier que l’on connaît), les Iraniens lisent un poème dHafez pour connaître leur avenir, et savoir comment se présente l’année qui arrive. Autre institution de la poésie iranienne : le grand Omar Khayyam, qui nous a adressé une lettre d’outre-tombe, reçue vendredi matin.
L’Iran est aussi un pays d’art : si jamais vous allez dans le pays dans peu de temps, ne manquez pas l’expo Towards the ineffable, en hommage à l’artiste iranienne Farideh Lashai, depuis le 21 novembre au musée d’art contemporain de Téhéran.
D’ailleurs là-bas, il vaut mieux être un peintre talentueux qu’un dessinateur de presse : les artistes sont moins contrôlés que les journalistes et ceux qui s’y apparentent, comme nous l’a raconté avec émotion le dessinateur exilé Kianoush Ramezani.
Pour aller plus loin
– Comment avoir le regard « persan » (sic) sans vivre en Iran
– Les bases du farsi dans le Kesskidi
– Les best-of de la semaine
– Le blog du monde sur l’Iran
– L’asso des femmes iraniennes en France
La semaine prochaine, on part à la découverte da la Nouvelle-Orléans ! Remarques et suggestions, conseils et avis > contactez-moi via Twitter ou sur nos mails elodie@radionova.com /thierry.paret@radionova.com / camille@radionova.com