Le meilleur de la semaine japonaise de la Nouvelle Internationale
C’est la plus grande mégalopole du monde. Tentaculaire, fascinante, intrigante : bienvenue Tokyo, au Japon.
Impossible, dans notre tour du monde, de ne pas faire halte dans cette ville incroyable. Préparez-vous à un shot de différences culturelles ! D’ailleurs, la matinale de Nova vous conseille l’ouvrage Au Japon, ceux qui s’aiment ne disent pas je t’aime, d’Elena Janvier, qui décrit avec humour ces décalages irréconciliables entre nos deux pays.
Choc culturel
Est-ce parce que le Japon est régulièrement frappé par des tremblements de terre ? En tout cas, Marie-Isabelle, qui y a habité dans les années 70, nous a raconté dans une lettre à quel point les Tokyoïtes, et les japonais en général, vivent au jour le jour avec un étonnement quotidien pour ce qui les entoure. Etonnement partagé par tout européen qui met pour la première fois les pieds au pays du Soleil-Levant.
Commençons par nous promener dans ces rues, où les feux piétons parlent ; où les parcs, sur fond de musique, vous intiment à 17h précises de rentrer chez vous parce que c’est l’heure des devoirs et du dîner ; où vous êtes assaillis de toutes parts par des sons et des voix. A chaque station de métro, une mélodie associée. Même les toilettes vous parlent !
Si votre oreille est en capacité de supporter cette rumeur incessante, ou mieux, si tout ça vous faire rire, c’est que vous êtes prêts pour regarder la télé japonaise. A l’antenne, aucun tabou :
On vous avait prévenus. Si vous êtes trop dépaysés pour rigoler, peut-être ces reprises kawaii de grands classiques yéyés parviendront-elles à vous faire arracher un sourire….
Dans les rues de Tokyo, les vélos roulent sur le trottoir et les japonais sont aux petits soins : Aurélie nous a raconté comment, à la première goutte du pluie, une inconnue s’est précipitée sur elle… pour l’abriter.
Eh oh, eh oh, on rentre du boulot
Levez la tête, vous verrez d’immenses buildings qui côtoient de petites maisons japonaises. A l’intérieur, les espaces de vie sont minuscules – d’ailleurs les habitants de Tokyo passent le plus clair de leur quotidien en-dehors de chez eux, et principalement, ce n’est pas qu’un cliché, au travail. Ils mangent midi et soir avec leurs collègues, comme nous l’expliquait Tamoko Nakayasu, qui donne des cours de cuisine en France (mais attention à ne pas trop grossir : au Japon, il est interdit d’être obèse !). Ils arrivent tôt le matin, repartent tard le soir et ne prennent quasiment aucun jour de congés (une loi est même envisagée pour forcer les Japonais à prendre au moins 5 jours off par an, parce que travailler tout le temps ne les rend… pas très productifs).
Au travail, ce sont surtout les hommes qui font les plus jolies carrières. Et pour cause, la sacro sainte conciliation de la vie pro et perso n’existe pas au Japon. 70% des femmes japonaises arrêtent de travailler au moment où elles accouchent – généralement pour une dizaine d’années, mais derrière, elles ont un mal fou à retrouver un emploi, les entreprises arguant de leur manque d’expérience par rapport à leurs homologues masculins du même âge. CQFD. (De manière générale, la société japonaise est assez sexiste : les femmes doivent par exemple attendre 100 jours après un divorce avant de se remarier, pour être certains qu’elles n’étaient pas enceintes au moment de la séparation).
Si vous souhaitez vous rendre à Tokyo pour y travailler, prenez des cours de japonais car on exigera de vous un très bon niveau. Sinon, bonjour la looooonnngue recherche pas forcément très fructueuse. Ceci dit, même pour les Japonais eux-mêmes, la recherche de travail s’avère parfois très compliquée. Ceux qui galèrent, parfois sur-diplômés, parfois sans qualification, on les appelle les « freeters », et on en a discuté avec Marc Petitjean, réalisateur d’un documentaire sur le sujet.
Le poing levé
Lui-aussi a mis plusieurs mois avant de trouver un emploi : c’est au bout de 10 mois que Kazuto Tatsuta a réussi à se faire embaucher dans la centrale nucléaire de Fukushima. Il nous fait partager son expérience – les combinaisons, les masques, la chaleur, la peur – dans un manga de grande qualité ainsi que dans la lettre que voici.
Car depuis la castrophe de Fukushima en 2011, le débat sur l’avenir du nucléaire est houleux. Les Japonais sont descendus en nombre dans la rue (et seulement d’un côté de la rue) pour manfester leur opposition au redémarrage des centrales.
Les Japonais ont aussi protesté l’été dernier, car le premier ministre Shinzo Abe a décidé de remettre en cause le principal fondement de la Constitution : le pacifisme. Entrée en vigueur après la défaite de 1945, la loi fondamentale japonaise interdit à l’armée nippone de mener une guerre à l’étranger. Le but de cette auto-censure inédite ? Eviter la résurgence de l’impérialisme japonais. Mais des exceptions à ce principe ont été introduites dans la loi en 2015, malgré l’opposition bruyante de l’opinion publique… Affaire à suivre, donc.
En bonus
– Quand le hip-hop rencontre le Japon :
– Comment faire l’amour avec des baguettes ?
– Une battle de cover : attention, Baguette Bardot est de la partie !
– Les souvenirs du Japon d’Aya Soejima, conseillère artistique de la maison de la culture du Japon
– Murakami, l’auteur, nous a envoyé une lettre !
– L’histoire vraie des faux chats porte-bonheurs
– Conseil de lecture : Les évaporés du Japon de Léna Mauger et Stéphane Rémael
– Conseil expo : le photographe Nobuyoshi Araki, jusqu’au 5 septembre au Musée Guimet à Paris. On en discutait jeudi matin en compagnie de Sophie Makariou, la directrice du musée.