Le meilleur de la nouvelle internationale !
La matinale de Nova vient d’arpenter les rues de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, pendant toute cette semaine. Si un jour, vous avez la bonne idée d’aller y faire du tourisme, voici ce que l’on en a retenu.
Déjà, c’est où ?
Au sud du Mali, collé au Niger et à la Côte d’Ivoire
A quoi ça ressemble ?
C’est un (autre) pays plat, ocre, enveloppé par la pollution des milliers de deux-roues qui sillonnent la ville (avec des lois sur la sécurité routière pas du tout respectées). Partout, des petits bars à ciel ouvert, les maquis, et à chaque coin de rue, des échoppes où l’on vend notamment le délicieux « poulet bicylette« .
C’est un pays qui s’appelait la Haute-Volta quand il a pris son indépendance de la France en 1960, et que Thomas Sankara, président assassiné en 1987, très apprécié, a rebaptisé Burkina Faso. Cela signifie le « pays des hommes intègres » en mòoré et en dioula, les deux langues principales du pays – sachant que la langue officielle est le français et que le pays en compte une soixantaine d’autres (que l’on peut apprendre avec les kesskidi).
Pour info, il y a deux heures de décalage avec la France – il est deux heures de moins. Et on y paie en francs CFA (1 euro = 655 francs CFA, vous allez avoir pas mal de monnaie sur vous).
Qu’est-ce qu’il s’y passe ?
Démis de ses fonctions sous la pression de la rue l’an passé, l’ancien président Blaise Compaoré – qui voulait faire adopter une loi lui permettant d’être élu à vie alors qu’il squattait déjà le poste depuis 1990 – a laissé la place à un conseil national de transition, le CNT. CNT qui a failli être renversé il y a 15 jours par le général Diendéré – coup d’Etat qui a échoué, au prix de plusieurs morts et de dizaines de blessés. Le CNT a, en un an, lancé une grande vague de réformes, notamment pour abolir la peine de mort (même si dans les faits, il n’y a plus eu d’exécutions dans le pays depuis 1988).
Mais il reste fort à faire, et notamment pour l’éducation. Depuis 1996, le Burkina-Faso est revenu à un ancien système scolaire : il y a un bac A, un bac C, un BEPC, un DEUG (ça rappelera des souvenirs à certains… on vous voit !). Il n’empêche : comme Pascal nous le racontait, le système a encore d’énormes lacunes. Non seulement une majorité de jeunes burkinabés quitte l’école avant 13 ans pour aller bosser dans les champs avec leurs parents, mais en plus, ceux qui arrivent vaille que vaille à entrer à l’université n’ont presque aucune opportunité d’emploi. 80 % d’entre eux deviennent profs, pas par vocation, mais parce qu’il n’y a pas beaucoup d’autres options. Pour le chiffre : seulement 15 % des Burkinabés sont scolarisés après leurs 13 ans.
Il n’empêche : les Burkinabés se bougent. Beaucoup. Les jeunes derrière le Balai citoyen, collectif créé en 2013 et qui a joué un rôle important dans la chute de Blaise Compaoré. Chaque semaine, les Cibals – pour citoyens balayeurs – se réunissent pour imaginer le pays de demain. Il y a même des sections en France, comme nous l’a raconté le rappeur Humanist (qui nous a offert un petit live).
Très important aussi, au Burkina, la figure du Mogho Naaba, titre porté par les rois successifs du Royaume Mossi, représentants du soleils. Autorité morale traditionnelle – comme sorte de Reine d’Angleterre du Burkina – le Mogho Naaba est vénéré par les Burkinabè même s’il n’a pas de rôle politique officiel. L’actuel est en place depuis 1982 et a joué un rôle déterminant dans la sortie de crise après le putsch raté de septembre 2015.
Et au niveau de la culture ?
Nous, à Nova, on aimait beaucoup Victor Démé, au parcours particulier puisqu’il a percé après 30 ans de carrière. Il est décédé le 21 septembre dernier.
Le multi-instrumentiste Simon Winse est, lui-aussi, venu nous raconter son parcours et à quoi ressemblent certains instruments traditionnels du Burkina-Faso, comme l’arc à bouche.
La culture est aussi basée sur l’humour, avec le système de parenté à plaisanterie. C’est un système qui permet aux différents territoires, villages, patronymes ou ethnies de se moquer réciproquement. Mais attention, tout est codifié : on ne se moque pas de n’importe quelle ethnie à n’importe quel moment, comme nous le raconte l’humoriste Roukiata Ouedraogo. Cette tradition ancestrale est en tout cas bien utile pour désamorcer les conflits ethniques – d’ailleurs, il n’y en a jamais eu au Burkina.
La danse aussi y est différente en fonction des ethnies, source d’inspiration perpétuelle pour le grand chorégraphe Seydou Boro.
Pour avoir plus d’infos
– La radio Omega, née il y a moins de quatre ans, et qui fait de l’info en continu avec tout un réseau de correspondants sur place.
– L’asso Res Publica
La semaine prochaine, on s’aventure dans l’espace avec un arrêt prolongé sur la planète Mars. Remarques et suggestions, conseils et avis > contactez-moi via twitter ou sur nos mails elodie@radionova.com /thierry.paret@radionova.com.