Le meilleur de la nouvelle internationale !
Vous souhaitez vous rendre pour votre lune de miel au Turkménistan et visiter les bâtiments en marbre de la capitale, Achgabat ? Vous avez bien raison, cette ville est complètement dingue. Bon. Il faut tout de même que vous arriviez à avoir un visa, et une fois acceptée, votre demande de congés ne peut excéder 5 jours.
5 jours, c’est le temps que l’on a passé dans un des pays les plus fermés au monde, 178e sur 180 au classement 2015 de la liberté de la presse. Voici ce que l’on en a retenu.
Déjà, c’est où ? A côté de l’Iran et de la mer Caspienne ! Plus précisément ici.
A quoi elle ressemble, Achgabat ? C’est une ville à l’architecture étonnante, de palais en marbre en statues du président en or. Une ville où il n’y a aucune possibilité de prendre un verre en terrasse et où il est difficile de repérer les boutiques parce qu’aucune vitrine n’est visible de la rue. Une ville grandiloquente où, parfois, on s’ennuie un peu (comme nous le raconte Patricia, une femme d’expat’). Une ville visuellement hallucinante, difficile à prendre en photo (à réécouter : le récit du Nicolas Righetti, photographe ayant obtenu le World Press Photo pour son reportage au Turkménistan), où le culte de la personnalité de Niazov puis, aujourd’hui, du président Gurbanguly Berdimuhamedow, est omniprésent.
Qu’est-ce qu’on y trouve ? Des palais, en grande partie construits par… Bouygues. David Garcia, journaliste, a même rebaptisé le pays le Bouyguistan. A lire si le sujet vous intéresse : Le pays où Bouygues est roi. Les expat’ français sont donc relativement nombreux, parfois un peu… surpris du mode de vie des autochtones (et notamment de l’obligation de déclarer aux autorités quiconque viendrait dormir sous votre toit, et la nécessité pour l’accueillir de disposer d’une chambre supplémentaire).
Même la principale mosquée de la ville, la mosquée Gypjak, a été construite par Bouygues. Mosquée par ailleurs controversée parce que, sur ses murs, il y a, à côté des versets du Coran, des paroles de l’ancien dictateur, Niazov, extraits du livre qu’il a écrit, à l’origine de nobreuses lois turkmènes. Ce livre, baptisé le Runhama, a été remis en cause depuis.
Le Turkménistan dispose aussi d’immenses ressources en gaz (tant que cela provoque parfois de légers incidents secondaires, à fort potentiel touristique). Le gaz y est d’ailleurs gratos pour tous les habitants.
Et d’un point de vue culturel ? Si le nombre de salles de concert s’est réduit comme peau de chagrin ces dernières années, il existe encore une scène de musique traditionnelle. La violoniste turkmène Leyli Karryeva, également musicologue, nous a interprété mercredi un morceau connu dans tout le pays, “Keçpelek”, qui signifie “destin amer”.
En voici une autre version, plus traditionnelle.
Pour le plaisir et l’amour de la musique, le président nous offre deux moments HIS-TO-RI-QUES. Y’a de la guitare de Noël et du gros mix.
La liberté de la presse est, elle, une vaste blague. Mais ils ont trouvé comment échapper à la crise de la presse : les turkmènes sont obligés de s’abonner à plusieurs journaux. Les journalistes, eux, disparaissent réugulièrement s’ils font le moindre faux-pas.
La liberté tout court n’existe pas. Même celle de se déplacer. En témoigne cette jolie lettre d’une jeune turkmène de 24 ans, aujourd’hui étudiante aux Etats-Unis. Son père est décédé en 2010, et elle n’a même pas pu assister à ses funérailles, de peur de ne pouvoir re-quitter le pays ensuite pour poursuivre ses études.
Des infos inutiles mais qui ont leur importance.
> Attention si vous espérez choper une jolie turkmène, il est interdit de fréquenter une femme du pays si vous n’êtes pas marié avec elle. Ou alors, soyez extrêmement rapide dans votre approche.
> On ne rigole pas avec les voitures. Non seulement, elles doivent êtres blanches (parce que le noir, ça porte malheur), mais, en plus, toujours propres.
> On ne rigole pas non plus avec les chevaux, et surtout pas avec les Akhal-Téké. Même quand l’un d’eux fait tomber le président-protecteur. D’ailleurs, il nous a envoyé une lettre pour nous raconter ce moment épique.
> Merci de ne pas fumer. Nulle part. Et de faire du sport, BEAUCOUP de sport.
> Et pour les gourmands, voici la recette du dograma, un plat traditionnel.
Pour aller plus loin.
– Le site Novastan
– La BD Sables Noirs de Troubs.
– Un blog intéressant
– La traversée du pays
La semaine prochaine, cap sur le Burkina-Faso. Remarques et suggestions, conseils et avis > contactez-moi via twitter ou sur nos mails elodie@radionova.com / thierry.paret@radionova.com.