Documentaire : le 12 juillet 1979 a eu lieu la Disco Demolition Night.
Article originalement publié en août 2013
Juillet 1979, Chicago. « I Will Survive » (Gloria Gaynor), « We are family » (Sister Sledge), « Hot Stuff » (Donna Summer) et « Boogie Wonderland » (Earth, Wind & Fire) sont les tubes de l’année. Les Etats-Unis et l’Europe ne jurent que par le disco, ce genre musical et cette danse qui se sont imposés depuis le début des années 1970. Même Kiss et Rod Steward s’y essaient. Dans l’ombre de cette discomania, le rock, le r’n’b, la soul et le motown peinent à tirer leur épingle du jeu, et le disco, qui devient de plus en plus populaire, sature le marché de ses titres plus ou moins bons.
Dans la chaleur de cet été 1979, certains ne supportent plus cette hégémonie et déclarent la guerre au disco. C’est le cas de Steve Dahl, un ancien animateur d’une radio locale, viré parce que ses goûts musicaux n’étaient pas assez disco. C’en est assez pour ce rockeur au petit coeur : il veut rassembler tout un public qui ne supporte plus d’être réduit au silence et il décide d’organiser la Disco Demolition Night.
Ce qui aurait pu être un contre-mouvement culturel se pave rapidement de mauvaises intentions. Car l’esthétique disco, c’est aussi un jeu sur le déguisement, l’androgynie, l’excentricité. Rapidement, les opposants cristallisent leur haine du disco en condamnant cette musique à grands coups de stéréotypes racistes et homophobes.
Et l’on comprend, dans ce contexte de tension culturelle, raciale et sociale, comment on arrive à cette mini-émeute du 12 juillet. Pour sa « Demolition Disco Night », Steve Dahl invite les frondeurs à venir assister à un match de base-ball qui a lieu au Comiskey Park. L’idée est de transformer la mi-temps en parade anti-disco, en proposant un tarif réduit à ceux qui viendraient avec un vinyle disco à sacrifier. Cette idée est en réponse à l’initiative d’une des équipes qui avait organisé deux ans auparavant une parade disco couronnée de succès.
La couleur est affichée dès l’entrée du stade, avec d’énormes banderoles « Disco Sucks ». L’ambiance s’échauffe rapidement ; pas besoin d’attendre la mi-temps pour commencer à lancer des disques, et scander des slogans qui rappellent que le match entre les pro et les anti-disco n’est pas vraiment amical.
Plus de 30 000 personnes veulent assister à la mise à mort : au milieu du match, Steve Dahl (qui s’est associé à Mike Veeck, un excentrique cocaïnomane à la tête d’une des équipes) programme un autodafé moderne. Des milliers de vinyles disco, de la TNT, un feu d’artifice, un peu de drogue. Le cocktail est littéralement explosif.
Le terrain est pris d’assaut par un public dont la haine est parfois confuse. Derrière la disco, chacun trouve une raison de se défouler. La police intervient, et les organisateurs perdent le contrôle de la soirée qui dégénère. Mike Veeck sera d’ailleurs été obligé de faire des excuses au groupe KC and The Sunshine band.
Des années après cette soirée, on peut officiellement dire que malgré tous leurs efforts, la disco n’est pas morte. Elle est évidemment passée de mode, puis revenue sur le devant de la scène, mais cette Demolition Night n’y est pour pas grand-chose.
Allez, pour fêter l’échec de cette exécution, rien de mieux qu’un petit Donna Summer, tube de l’année 1977.
Sources : DangerousMind.fr et le blog PourquoiPasPoitiers
MISE À JOUR : RBMA vient justement de consacrer un documentaire fascinant à ce sujet, retraçant l’évènement avec des témoins de l’époque. Il raconte une nuit qui reste fondamentale pour l’histoire de la musique est à découvrir ici.