Le Centre Pompidou célèbre les langues imaginaires et inventées
Le Nouveau Festival finit lundi 11 mars prochain, dépêchez-vous !
Pour la quatrième année consécutive, « Un nouveau festival » a repris ses quartiers au Centre Pompidou à Paris. Du 20 février au 11 mars, ce rendez-vous annuel, gratuit et en passe de devenir culte investit plusieurs espaces du “Paquebot de la Culture” (Galerie Sud, Espace 315, Forum -1, Cinémas 1 et 2, Grande et Petite Salle) et propose un vaste panorama des pratiques artistiques contemporaines. Installations, peintures, spectacles vivants, films, conférences, tous les éléments d’un dialogue trans-, inter- ou pluridisiciplinaires (payes toi de mots) sont réunis.
Un nouveau festival
Avant de rentrer dans le détail de cette édition 2013 consacrée aux « langues imaginaires et inventées », une explication s’impose quant au nom même du festival. Et d’abord pourquoi un festival – plutôt qu’une exposition temporaire, un forum, un colloque, une foire… ? Bernard Blistène, directeur artistique du Nouveau Festival, a sa petite idée sur la question.
Un festival, comme son nom l’indique, c’est une fête, un événement populaire qui tranche avec la morosité du quotidien et l’élitisme bourgeois dans lequel se cantonnent pas mal d’expositions branchouilles. Antithèse par excellence de ce que le Centre Pompidou fut à ses débuts – un sanctuaire massif et effrayant pour le badaud – ce festival met tout en œuvre pour ménager de fécondes interactions entre les 3 grandes figures de la création artistique : l’artiste, l’œuvre et le spectateur. Un triptyque qui se décline en actes : découvrir ou redécouvrir des œuvres, rencontrer leurs créateurs, s’interpeller, dialoguer, polémiquer entre spectateurs… le champ des possibles est largement extensif dans ce festival.
Quand de surcroît, il se réinvente chaque année entièrement (thématique, démarche, agencement, scénographie), il gagne à être qualifié de « nouveau » ; et, prétention à l’humilité oblige, il finit par se précéder d’un article indéfini.
Langues imaginaires et inventées
Cette année, la question des langues et du langage est au coeur du festival – même si, pour le coup, elle est abordée de biais. Pas question de traiter des 7.105 langues recensées dans le monde. Ici, les langues abordées sortent non pas de la bouche des parents, mais de la tête de grands enfants qui, non contents de parler une ou plusieurs langues, ont décidé d’inventer la leur propre. Ces éternels insatisfaits – artisans logogènes parmi d’autres – repensent, chacun à leur manière, les conditions même du discours, de la parole et de la relation à l’autre, en leur inventant de nouveaux supports linguistiques.
Ce qui frappe le plus dans cette exposition festive, c’est la manière dont se télescopent propositions artistiques et études plus systématiques ou conceptuelles. La linguistique saussurienne, La recherche d’une langue parfaite (Umberto Eco) ou le Dictionnaire des langues imaginaires (Paolo Albani, Berlinghiero Buonarroti) en viennent dès lors à jouxter les photos “écartelées” d’un Pierre Faucheux et les écritures martiennes d’Hélène Smith (opportunément déployées dans l’espace par Berdaguer et Péjus).
Détour par l’installation de Xu Bing qui transforme nos mots en logotypes. Puis arrêt ludique sur un simulateur de console Atari pour un dialogue à bâtons rompus avec des extraterrestres – oui, oui. On s’attarde un peu dans l’Espace 315, réagencée pour l’occasion en grotte / glotte modulable. Avant de rejoindre la génialissime Book Machine et son atelier de fabrication et de production de (beaux) livres – bonus, des graphistes dessinent la couverture de votre livre avant de l’envoyer dans le sud de la France où vous suivez son impression en live (streaming).
Bien d’autres œuvres, conférences, performances et spectacles in vivo à découvrir ce week end au Centre Pompidou.