En mode misanthrope sévère aussi, mais là, il n’y a pas vraiment de nouveauté.
Pendant que vous célébriez, en sautant sur le toit des voitures puisque tout le monde était sur le toit du monde, le titre de Champion du monde de l’Équipe de France de football (« Nnnnnngolo Kanté, palalalala ! »), Fuzati, lui, s’en construisait sa propre vision, de ce qu’implique l’idée d’être un « champion ». Et elle n’est pas ultra philanthrope.
Dans son nouveau single, qui annonce un nouvel album — si les comptes sont bons, ce sera le quatrième sous l’effigie Klub des Loosers, hors albums instrumentaux et projets annexes —, Fuzati taille donc ces individus qui se la jouent « champions » de leur propre petit univers. Il y est question de vanité, d’auto-glorification à l’heure des réseaux sociaux où chacun est devenu sa propre équipe de communication, et d’une tristesse terriblement contemporaine.
Il y a un peu du « Manège des Vanités » (Vive la Vie, 2004) ou de « Encore Merci » (La Fin de l’Espèce, 2012) dans cette diatribe contre tout le monde et surtout contre ceux qui montent sur leur piédestal dès qu’il est possible de le faire, et un peu de cette misanthropie froide et très drôle propre à ce rappeur qui est né à Versailles mais qui en a bougé depuis longtemps, et qui avait même, lors de ses tous premiers pas musicaux, posé son flow sur une production de Jean-Benoît Dunckel d’Air (« Sous le signe du V »).
Le clip est réalisé par FRAMEpictures (Virgile Gesbert + Eric Rakotonirina), et est réservé à tous ceux qui sont vus, à un moment ou à un autre, se sont faits les « champions » du grand rien.
Visuel © Dario @hellodario