“Inside the Wave” nous plonge dans l’histoire de ces distilleurs de variations électroniques.
Avec des artistes comme Darius, FKJ, Crayon ou encore Katuchat, Roche Musique a su se forger une place unique dans le canevas de la musique française grâce à leur productions qui flirtent entre sonorités électroniques et soul-funk (même si l’on serait tentés de dire tout simplement que ça groove).
Pour raconter l’histoire de Roche, il faut d’abord parler d’un disque, sorti 5 ans avant la création du label, d’un certain Sébastien Tellier. En 2008, son album Sexuality, une ballade sensuelle en onze pistes, entre pour la première fois dans nos oreilles. L’opus s’ouvre sur “Roche”, un mélange de nostalgie et de douceur particulièrement entraînant. C’est ce morceau qu’écoutait Jean Janin, le boss de Roche Musique, alors qu’il cherchait un nom pour son futur label, allongé dans son canapé.
Des années plus tard, Sébastien Tellier sera très ému de l’apprendre quand Cézaire (Jean Janin) lui explique l’origine de son label au détour d’une soirée – et on le comprend quand on voit Inside The Wave, documentaire qui retrace une partie du chemin parcouru, depuis ce mot-effet papillon.
Si la caméra suit les membres de Roche de 2016 à 2020, l’histoire du projet prend racine plus tôt, avant même la création du label en 2012. Cézaire et Kartell se connaissent depuis 2007. Les deux produisent, sont passionnés et refusent de ne rien faire de cette passion.
Habitués des clubs parisiens comme feu le Social Club et le Wanderlust, c’est là que vont rencontrer une partie des artistes qui signeront plus tard chez eux. Sinon le premier contact se fait en ligne, via des réseaux comme Soundcloud, propre à cette génération.
“On n’est pas simplement des artistes sur un label, on est le label” – Dabeull
Parfois, c’est les deux. C’est le cas du très funk Dabeull, que Cézaire rencontre une nuit au Wanderlust, alors qu’il avait déjà repéré quelques-unes de ces productions sur le web. Finalement, d’autres carrefours amènent d’autres créateurs, tous explorateurs d’une palette de conception musicale où chacun trouve sa nuance.
En 2016 germe l’idée de raconter ce qu’ils vivent, et comme l’explique Jean Janin, ça n’a pas été facile : « On s’est dit qu’avec l’équipe, on le ferait un peu nous même. On a essayé, on a acheté une caméra, une Gopro. On partait en tournée, on filmait… et au final on s’est rendu compte qu’on n’y arriverait pas, qu’on n’était pas au niveau et heureusement on a trouvé sur notre chemin Kévin (Froly) et Eric (Rakotonirina) qui nous ont aidés à monter le documentaire, tout en ayant cette idée de garder une patte, un peu à l’arrache pas à l’arrache… avec du matériel de moins bonne qualité, pour avoir des footage un peu plus pris sur le vif, un peu moins réfléchis et qui donnent ce côté un peu organique au documentaire. ».
Finalement, c’est bien là tout le charme de ce long format, qui nous emmène au plus proche de cet entourage, nous faisant par moment oublier qu’on ne regarde pas un film de potes qui s’amusent, mais bien l’ascension d’un label à l’échelle internationale.
Visuel © Roche Musique – Inside The Wave