Macki, à prendre et vite !
crédit photo : Remy Golinelli
Né de la fusion de deux acteurs agités de la musique à Paris, Cracki Records & La Mamie’s, le Macki festival a installé ses scènes à Carrière-sur-Seine il y a quatre ans maintenant, Et toujours en été.
En cette année 2017, ils y seront du 30 juin au 2 juillet.
La Mamie’s organise des soirées très libres et décomplexées depuis 2007 dans un Paris alors en manque de groove. Un groove qu’ils l’ont sérieusement ramené. Cracki Records, eux, se sont donnés un rôle de laboratoire où de jeunes talents s’ébrouent et décollent. Bref, ça défriche de tous les côtés pour un festival où on veut tous aller, mais où les places sont comptées.
Pourquoi ils les comptent ? Qui verra-t-on ? Quelles sont les histoires vraiment folles qui ont déjà eu lieu ces dernières années ? Fantin, des Mamie’s mais aussi Rémy, qui photographie le festival depuis le début, vous disent tout.
FANTIN DUFAŸ, membre des Mamie’s, chargé de communication du festival
Comment tu décris le festival à ceux qui ne le connaissent pas ?
Je dis que c’est un festival super accessible, familial & ultra convivial en bord de Seine. On limite la capacité du festival pour pouvoir rester dans une ambiance assez intime, du coup à la fin du festival tout le monde se connaît. Et puis je parle aussi évidemment de la programmation, j’insiste sur son côté défricheur avec artistes géniaux et peu vus ailleurs.
Justement dans la programmation de cette année, qu’est ce qui te rend particulièrement curieux ?
Au moins deux choses. Premièrement Los Wembler’s de Iquitos, un groupe péruvien de cumbia qui sont à Paris pour la toute première fois. 7 musiciens sur scène dont 5 frères. Ils n’avaient pas tourné depuis super longtemps, on profite qu’ils soient là pour la sortie du troisième opus de la compilation Roots of Chicha. Si en plus il fait beau, ce sera vraiment une tuerie.
J’ai aussi très hâte de voir le grand Cortex, artiste de jazz funk qui a sorti l’album Troupeau bleu en 1975 et qui revient sur scène chez nous, après un concert sold out au New Morning en janvier dernier. Cortex plaît à la fois aux fans de Jazz mais aussi et surtout aux jeunes, puisque c’est l’un un des artistes les plus samplés dans le rap US par notamment Mf Doom, Rick Ross, Lupe Fiasco etc.
C’est nous qui étions à l’origine de son concert au New Morning et on a ensuite récupéré son management. Son envie principale c’est de tourner et de remonter sur scène le plus possible, notamment parce qu’il n’a pas été reconnu à sa juste valeur à l’époque.
Pendant 40 ans, il disparu de la circulation et là, il revient ?
Il renaît un petit peu grâce au rappeur et grâce aux samples qui lui sont empruntés. Il est notamment adulé au Japon, où il n’a jamais mis les pieds mais où l’on peut pourtant retrouver ses disques en facade des Fnac locales. On est en train de travailler sur des dates là-bas.
Saurez-vous retrouver qui a samplé quoi dans ces titres de Cortex ?
Et puis un peu d’auto-promo, on verra sur scène notre groupe Kodäma, première signature de Mamie’s Records ainsi que le nouveau groupe des Cracki, Lucien & The Kimono Orchestra »
Une image forte qui reste d’une des éditions précédentes ?
Pendant la première édition, le set d’Antal, qui est depuis devenu un peu la mascotte du festival et qui est le patron du label nééerlandais Rush Hour, dont on fête les 20 ans cette année. La première année Antal a commencé son set sous la pluie, tout le monde a commencé à se dénuder, et là il a joué son titre « Freedom » à fond, les gens étaient fous je revois la sécu qui se met à courir après tous les mecs à poil.
Depuis on invite Antal tous les ans.
Pour rester dans l’ambiance nudité, il faut savoir que c’est à Carrière-sur-Seine, le spot du festival, qu’a été créé le Club du Soleil, première fédération naturiste en France.
Est-ce que vous avez des galères qui ont finalement bien tournées ?
On peut citer l’aspect financier. On a rien lâché pendant trois ans. La difficulté, c’est qu’on est totalement indépendants, qu’on n’a pas de subvention et très peu d’aides privées. L’an passé on était à l’équilibre, on espère que cette année, c’est la maturité.
Est-ce que tu as découvert des artistes grâce à la prog de cette année ?
On s’occupe tous de la programmation mais comme il y a une partie de la programmation conçue par Cracki et une autre pour nous, chaque année on se fait découvrir mutuellement des artistes. On est plus groove, ils sont plus indie. Grâce à la programmation de Cracki, je peux citer Rendez-Vous, j’avais entendu parlé mais peu écouté, ou Buvette. On leur fait une confiance totale pour la patte Indie.
Buvette, un son programmé par Cracki pour Le Macki
Et vous vous leur avez fait écouter quoi ?
BCUC (Bantu Continua Uhuru Consciousness), un groupe de Soweto, vraiment top, la critique est unanime. Et puis Nadia Rose, qui est une icône du Grime Sud-Londonien. On entend beaucoup parler de Princess Nokia, mais Nadia Rose fait beaucoup de bruit et sur scène c’est épatant. Elle a fait notamment ce clip en plan-séquence dans la rue où elle danse avec toute sa team.
Le 1er Juillet au Macki, ce sera sa toute première date en France.
Le clip de Nadia Rose & sa team
Rémy Golinelli, photographe du festival
Comment est-ce que tu décrirais visuellement le festival ?
Pour moi c’est une extension de la Ferme du Bonheur qu’on organisait à Nanterre avec les Mamie’s. Une sorte de grand terrain de jeu pour petits et grands enfants, tout n’est que bienveillance et amusement. Les gens se maquillent, se costument, lancent des confettis à tout bout de champs, ça respire vraiment un truc très bon enfant. Et même pour moi, quand je fais des photos, c’est un jeu, il n’y a que des bandes d’amis, des familles, je peux m’amuser avec eux
Vous avez dit grands enfants ?
crédit photo : Remy Golinelli
Sur d’autres festivals que je couvre il y a une plus grande distance qui se créé avec les gens. Le fait que le Macki reste volontairement petit, ça permet une plus grande proximité.
Quelles images fortes tu gardes des dernières éditions ?
Le match de l’Euro France-Islande, celui du 5-2. Le festival diffusait le match sur grand écran et les gens étaient fous. Ils couraient de la fosse à l’écran à la fosse. À chaque but, ils partaient tous le fêter dans la fosse. L’artiste sur scène devait halluciner.
Sinon, la première année, il a plu, tout le monde était venu s’abriter dans la scène du bazar. Un moment il n’y avait plus de place, certains ont pris le parti de lâcher l’affaire, de danser sous la pluie. Ça fait des photos géniales.
crédit photo : Remy Golinelli
Et puis ma photo préférée du festival, c’est cette fille qui travaille au festival, qui danse avec un chien, main dans la patte. Je l’aime tellement qu’elle est affichée dans mon salon.
Quelle est la plus grosse claque que tu as pris en concert ?
Il y a ce concert que j’ai vécu en plusieurs temps : d’abord j’ai reconnu Gary Gritness, un Français qui fait grosso modo de la house de Detroit. Je le vois dans un groupe et je me dis « tiens qu’est ce qu’il fait là« , je réalise qu’il joue avec Playin’4 the city, un groupe génial, légendaire qui fait un son un peu à la Underground Resistance à la française. Dans le style hein, peut-être pas dans l’histoire. Je crois d’ailleurs qu’ils composent en ce moment un nouvel EP.
Ils avaient une chanteuse américaine incroyable qui avait une puissance monstrueuse sur scène & un look incroyable : perchée sur talon avec des ongles aussi longs que ses doigts, elle était incroyable.
Playin’4 the city feat. Electra Weston
Un ou des artistes que tu as particulièrement envie de voir en Live cette année ?
Tout le label Rush Hour qui vient fêter ses 20 ans avec notamment un live du Japonais Soichi Terada qui emmène un peu plus loin que les sons qu’on entend d’habitude.
Et puis San Proper, pour le personnage. Il construit toujours son set de façon anarchique et en live, c’est vraiment une performance. On ne l’attend jamais là où il va, il passe en un clin d’oeil, de la techno à la salsa, c’est toujours des grosses surprises de le voir jouer et en plus il a ce truc particulier de toujours faire le show en étant très proche de son public. Il se donne, il est complètement fou.
Je l’ai shooté pas mal de fois, notamment à la Concrete et il est toujours super-disponible et complètement délirant. Une fois il m’a dit « allonge-toi par terre, et prend des photos pendant que je tourne partout autour de toi« .
À chaque fois que je le vois programmer quelque part où je vais, je me dis : « qu’est ce qui va se passer cette fois-ci ? »
San Proper en Boiler Room
Pour plus d’infos sur le festival, c’est ici que ça se passe.
Visuels : (c) Rémy Gonilenni