La 9ème édition du salon international, c’était ce week-end à La Villette. Nova est allé y jeter un oeil.
Ce week-end à Paris, sous La Grande Halle de La Villette, s’est tenue la neuvième édition du Mondial du Tatouage. Un événement singulier, où une culture longtemps considérée comme alternative, si ce n’est déviante (le tatouage, c’est pour les taulards ?) s’impose aujourd’hui sous les feux des projecteurs. Tin-Tin, tatoueur de légende et organisateur du salon, entend bien faire reconnaître son art comme le dixième du nom.
Sur scène c’est Minima Gesté, drag queen haute en couleurs et en humour qui mène la danse. « Hi, do you speak French, parles-tu Français ? » est peut-être la petite phrase la plus entendue par les quelques 30 000 visiteurs du Mondial. Elle y invite les tatoués à se présenter sur scène, face à la foule. Presque entièrement nus pour certains, leur corps est balayé par la caméra dont l’image est projetée sur un écran géant, juste derrière eux.
Le public acclame la précision des traits et la beauté des couleurs sur les peaux marquées par les plus talentueux représentants de la profession. Petites ou grandes pièces, noir et gris ou couleur, dos ou corps entiers sont en compétition. Mais au final, celui qui gagne vraiment, c’est le monde tout entier du Tatouage.
Près de 420 artistes sont présents, dont une quarantaine de femmes. MymyMagma, tatoueuse au Mans et représentante du Syndicat National des Artistes Tatoueurs sur le salon, est confiante : « La présence des femmes dans le monde du tatouage est exponentielle. Bientôt, il y aura davantage de femmes que d’hommes. Se faire tatouer est un acte intime, un tatoueur travaille avec le corps comme un médecin, le soin et la douceur sont indispensables. On associe souvent le tatouage à la douleur, or cela peut aussi faire du bien. »
Ce rapport à l’intimité, Alexia Cassar en a fait sa spécialité. L’artiste a ouvert The Tétons Tattoo Shop, premier salon de tatouage entièrement dédié à la reconstruction après un cancer du sein. Il n’est plus question ici d’un simple ornement mais d’une vraie démarche thérapeutique.
Se faire tatouer est un acte intime, le soin et la douceur sont indispensables
En phase avec l’actualité, le premier événement consacré au tatouage dans le monde entend bien mélanger les genres. Les chorégraphies du metteur en scène Philippe Decouflé ont fait corps avec les œuvres éphémères de Tin-Tin, et les nouvelles technologies ont côtoyé les traditions ancestrales. Des danseurs parés de tatouages peints sur mesure pour ces représentations uniques ont volé au-dessus du public au rythme des Opticons, machines à illusions d’optique développées par la compagnie du chorégraphe. Juste en dessous d’eux, au sous-sol de la Grande Halle, des tatoueurs venus du Japon ou de Polynésie ont fasciné les aficionados par leur pratique exclusivement manuelle.
L’atmosphère est sensorielle : les langues du monde entier, le bruit des dermographes, la douleur contenue, et surtout l’infini privilège d’observer au plus près des artistes au travail. Celui aussi de croiser des corps dans toute leur diversité, origines, sexes, âges et diktats étant relégués au second plan.
Une expérience pas si fréquente et libératrice.
Visuels © Mathilde Beaugé