Les coups de coeur de Bintou Simporé et Mathieu Girod.
Le Musikactu de la semaine est une sélection de trois morceaux, qui revisitent des sons traditionnels. On embarque d’abord pour La Réunion, avec l’extrait « Manahen » du groupe Ti Kaniki, un collectif de musiciens réunionnais tels que la chanteuse Océane Fado, ou les percussionnistes Luc Moindranzé Karioudja et David Doris, et métropolitains comme Cindy Pooch ou Hadrien Santos Da Silva. Leur principale inspiration est le maloya, une musique traditionnelle de l’île de La Réunion, qui trouve ses origines dans l’histoire douloureuse et complexe de la région. Fruit de l’esclavage, ce genre musical fut longtemps cantonné à des fêtes clandestines, les cabas, où les esclaves affirmaient leur désir d’indépendance dans une musique rituelle de transe. Le groupe était présent le 2 mars 2019 à l’Opéra Underground de Lyon, à l’occasion duquel il a enregistré son premier EP en live, intitulé Maloya à l’Opéra, qui vise entre autre à désacraliser ce lieu symbolique, en y apportant une autre musique sacrée, le maloya, pour la première fois joué dans un opéra.
On découvre ensuite la dernière pépite du label Hot Casa Records, de notre cher ami dj et producteur Julien Lebrun. Sorti le 25 janvier dernier, « Anywhere trouble » du chanteur et multi-instrumentiste camerounais Franck Biyong, est une nouvelle composition à l’histoire particulière. Produit par Julien Lebrun en 2008, ce morceau est rapidement diffusé sur Nova. Mais le label de l’époque, Maquis, invoque une exclusivité avec Frank et demande le retrait du titre sur l’album. C’est chose faite, et Julien Lebrun et Frank Biyong produisent dans la foulée un album très différent. Mais « Anywhere trouble » leur trotte dans la tête, notamment lors d’un voyage au Kenya. Ils décident de le ressortir dans de nouvelles versions, après avoir travaillé dessus tout l’été 2019. Frank convie sur ce titre Cristina Violla, la première dame de la « Samba de Roda » pour aborder le thème de l’espoir.
Troisième titre de la sélection, « Makoma » du groupe ONIPA, composé du guitariste britannique Tom Excell, qui officie également au sein du Nubiyan Twist, et du chanteur et balafoniste ghanéen Kweku of Ghana (K.O.G). Ce projet est une tempête de groove, un soukous explosif sur une ambiance hiplife des années 1990. Sur ces riffs ultra énergiques, la voix de la chanteuse Wiyaala se fait entendre. Originaire du Nord du Ghana, elle porte son univers à ONIPA en chantant dans la langue sisaala. Leur disque We No be machine est attendu pour le 20 mars.
L’émission de Néo Géo du 9 février en intégrale ici.
Visuel © Pochette de l’alum We No be machine d’ONIPA