Il n’existe pas de décompte officiel de ces églises psychédéliques, mais une association créée il y a deux ans dit regrouper 60 groupes en Amérique du Nord. Les organisations affirment qu’elles sont protégées par les lois sur la liberté religieuse.
Pour les besoins de son enquête, Ernesto Londoño s’est retrouvé assis avec quelques personnes, dans un salon au Texas, alors qu’une certaine Mme Lasseter, de l’Assemblée Médicinale de Toutes les Tribus énumère les rituels qui attendent les participants.
Premièrement, un protocole de désintoxication : on appliquera, sur la peau, des sécrétions toxiques d’une grenouille d’Amazonie, ce qui devrait provoquer des nausées et vomissements incontrôlables. Puis, viendra le moment de prendre une dose puissante de champignons psilocybine, avant d’inhaler des toxines provenant du crapaud du désert de Sonora, qui provoque un délire, des cris, des pleurs. Résultat : un sentiment de béatitude et « une nouvelle perspective sur la vie ».
C’est fréquent dans beaucoup de retraites spirituelles, qui promettent d’agir aussi sur la santé mentale, de soigner la dépression. Il n’existe pas de décompte officiel de ces églises psychédéliques, mais une association créée il y a deux ans dit regrouper 60 groupes en Amérique du Nord. Les organisations affirment qu’elles sont protégées par les lois sur la liberté religieuse. En effet, il y a jurisprudence : en 1993, deux églises amérindiennes de l’Oregon ont été autorisées par la Cour Suprême à utiliser leur cactus psychoactif ancestral. Mais, de nos jours, les retraites se multiplient et la justice doit redéfinir les contours de ses autorisations.
Une multitude d’études sont encore en cours afin de prouver la valeur médicinale des psychédéliques. Le gouvernement dépense lui aussi des millions dans ces recherches, mais c’est parfois dû à un accès difficile à ces méthodes expérimentales qui poussent certains à se rapprocher de groupes religieux. Ce qui inquiète les autorités, ce sont certains groupes qui s’avèrent être en réalité des détaillants de drogues, des entreprises très lucratives. L’année dernière, la police de Détroit a perquisitionné le groupe Soul Tribes International Ministries décrit comme un « Uber Eats » de stupéfiants. Cependant, le fondateur n’a pas pu être accusé de crime.
La priorité est à la guerre contre les opioïdes. Whitney Lasseter, évoquée précédemment, assure qu’elle consulte une infirmière pour examiner les dossiers des participants, et détecter les troubles psychiatriques qui pourraient être exacerbés par les psychédéliques.