L’intelligentsia de la musique électro latine s’est penchée sur le disque d’un Équatorien audacieux.
Un an après la sortie de son excellent Prender El Alma (« prendre l’âme » en Espagnol), l’Équatorien Nicolá Cruz, ancien collaborateur d’un autre Nicolas fouineur et bidouilleur (Jaar cette fois) livre le remix de ce premier album qui poursuit ce mélange, quasi anthropologique, de sonorités issues de son Équateur natal (les flûtes andines notamment, omniprésentes), d’éléments organiques (le murmure de la jungle) et de productions électroniques (beats apaisés et basses lourdes). De la cumbia colombienne, aussi, est glissée ça et là. Le passé parcouru par l’aujourd’hui.
Et ces relectures, qui donnent, sans les travestir pour autant, un élan globalement plus club à l’élément de base (exemple : le « Puente Roto » de Siete Catorce), elles sont effectuées par les membres de l’intelligentsia de la musique électronique latine, dont la plupart viennent d’ailleurs de ZZK Records, ce label exigeant de Buenos Aires qui sort depuis une petite dizaine d’années quelques-uns des disques les plus fascinants du continent (toujours, le mélange de la tradition et de la modernisation), de King Coya à La Yegros (reçue récemment en live chez nous, dans Néo Géo), d’Animal Chuki à Super Guachin. Ici, ce sont ainsi History of Colour (El Buho & Barrio Lindo), Chancha Via Circuito et autres EVHA qui participent à la refonte de l’oeuvre d’un artiste que l’on verra d’ailleurs ce week-end à Barcelone, à l’occasion du set qu’il livrera au Sonar Festival (où l’on émettra en direct, de 18 à 22h). On pourra le voir en France aussi, un peu plus tard, le 18 juin à Marseille, le 1er juillet à Garorock, et le 12 à Calvi, notamment.
À écouter serein, les tympans bien ouverts. Et l’esprit aussi, en très grand.
Nicolá Cruz , Prender el Alma remix, 2016, ZZK Records, Kartel Music