Amours doloristes en Inde et au Japon
Si vous vous sentez d’humeur romantique,
Si vous êtes ouverts à tous les serments,
Si vous ne niez pas la passion dévorante,
Si l’amour absolu ne vous paraît pas un vain mot ..
Si le don de soi vous intrigue…
Alors lisez ces quelques lignes, car on reparle de sensibilité à fleur de peau, on redécouvre les grands sentiments et les amoureux transis.
_Héros numéro un : Guru Dutt .
Ce réalisateur de film indien est devenu une star de Bollywood dès les années cinquante avec quelques films mélodramatiques, d’un romantisme échevelé, qui ont donné le ton à des milliers d’autres réalisations.
Nul mieux que lui n’a su faire pleurer les foules, filmer les femmes nimbées de lumière, les hommes sombres ou flous, dans des atmosphères de rêverie , de désespoir amoureux, d’idéal et de sensibilité poétique ..
Il a fixé les règles de clair-obscur, de longs plans fixes, de travelling à travers des espaces pour arriver au sujet..
Il serait l’équivalent indien de Josef Von Sternberg (le mentor de Marlène Dietrich), mais avec la sensibilité vibrante de l’Inde.
Une de ses grandes héroïnes (« le maitre, la maitresse et l’esclave ») n’hésitera pas à devenir alcoolique et à se comporter comme une prostituée pour reconquérir son mari, débauché et cynique (photo d’ouverture – Impensable dans l’Inde juste indépendante et ultra puritaine de 1950!)
Sa propre vie sera déchirée entre sa femme Geeta Roy, la voix chantée de tous ses films, et Waheeda Rahman, son actrice dés 1957. Comme dans « L’assoiffé », où il joue un poète maudit, pur et sans concession.
Il meurt d’un cocktail drogue- alcool en 1964, à 39 ans , alors qu’il vient de réaliser son chef d’œuvre, «Fleur de papier», l’histoire d’ un réalisateur à succès, qui tombe amoureux de son actrice et perd tout .
C’est lui même, car ses films étaient SA vie .
(Copyright photo : GDF entreprise . Tous droits réservés .)
LARMES DE SANG AU SOLEIL LEVANT
_Héroine numéro deux : princesse Mononoké ou Yaegaki ou Yokobue, etc…
Ou toute autre héroïne des contes et légendes de l’amour au Japon, car dans cette tradition des geishas et autres prétendantes à l’amour parfait, il n’y a aucune limite de don, de soumission, de preuves pour sauvegarder sa passion ..
Les femmes, filles, princesses, geishas, fées… sont assez systématiquement scarifiées, tatouées, écorchées, amputées, saignées de leur propre chef !!! et avec le plus parfait naturel , afin de combler les manques de leur amant, ses doutes ou ses infidélités..
Elles paient comptant et en nature, leur poids d’amour et de servitude.
Se couper la dernière phalange du petit doigt n’est pas réservé au mafieux Yakusa, mais bien une invention des amoureuses et courtisanes, afin de raviver l’intérêt de leurs amants !!
la passion contrariée comme multiplicateur des sens
Se faire tatouer le nom de l’être aimé mille fois, est bien aussi .
Se raser la tête et bien d’autres tortures, petites ou grandes, sont appréciées dans ces codes amoureux .
Là encore, tels Romeo et Juliette, ou Tristan et Iseult, les amants sont séparés, éloignés ou coupés l’un de l’autre par les obstacles, les ennemis, les codes, les traditions, la morale et bien d’autres barbelés hautement spirituels, qui finissent par les tuer.
Comme en Inde, le Japon offre la passion contrariée comme multiplicateur des sens, aiguisant l’esprit de l’amour dans les moindres détails : peau, cheveux, sexe, doigts, ongles…exaspérant corps et esprits, jusqu’à commettre des actes irréparables, après avoir versé des torrents de larmes, bien sûr.
Le corps et ses liquides, comme un temple, inondé par la mousson indienne ou le typhon japonais .
_DVD Guru Dutt : « L’assoiffé » et « Le maitre, la maitresse et l’esclave » ( avec bonus extraordinaire des participants du film qui racontent..)
PHOTOS : copyright GDF entreprises
_ALBUM « Les histoires d’amour au Japon « d’Agnes Giard ( Glenat éditeur) + de 500 pages et des dizaines d’illustrations couleur .
IMAGES :Copyright Glenat