« Né le 8 décembre 1968 à Thouars, Philippe Blanchard grandit à Chantonnay en Vendée, dans une famille catholique et traditionnelle. »
C’est la première phrase que nos yeux croisent sur Wikipédia, en totale contradiction avec sa dernière apparition qui a fait sensation (comme toutes les autres). Nova, après un large travail d’archives des plus méticuleux, revient sur les moments les plus drôles du phénomène Philippe Katerine.
2005 : « Louxor J’Adore » et fête de village, un pas sur le devant de la scène
Un camion, des enceintes, quelques danseuses, un bourg de province, un public intergénérationnel : c’est ainsi que surgit dans le paysage sonore français l’univers Philippe Katerine. Il devient celui qu’il est aujourd’hui grâce à ce morceau devenu viral. Enfants, chasseurs, institutrices, puéricultrices, agriculteurs : tout le monde, déjà, fait partie de cette belle fête inclusive, diverse… très Philippe Katerine.
Philippe Katerine est fantasque et fait preuve d’autodérision à volonté. Alors, oui, il ne se prend pas au sérieux, mais ses textes et ses apparitions sont souvent marqués par un aspect social et moral dissimulé sous le voile de l’humour.
2007 : aux Victoires de la musique, un show extravagant sans aucune limite
En 2007, le roi du second degré livre un spectacle démesuré, enfantin, avec en guise de costume une barrette et une fourrure d’animal autour du cou (?). Il exprime son mécontentement face à des sujets existentiels tels que les poils, sa bouche, ses ancêtres (entre autres), suivi de bras d’honneurs, d’aboiements, ou encore de musiciens culs nuls derrière leurs guitares. C’est à se demander si le public assiste à un concert, un one-man-show ou un spectacle de cirque.
2010 : avec « La banane », Katerine en plein burnout
Katerine, antagoniste d’un monde où la normalité domine, partage en 2010 un de ses morceaux devenu phare : « La banane ». C’est une ode à la liberté, à la tranquillité, un doigt d’honneur aux conventions sociales et les bras ouverts à un monde où danser tout nu sur la plage devient permis. On l’a vu aux JO, la nudité est un des sujets de prédilection du chanteur… Ici, Philippe ne veut plus travailler, faire ses courses, s’habiller ; en bref, il ne veut plus avoir un train de vie routinier d’une personne « normale », et opte pour une émancipation par le biais d’une banane.
« On pense des fois que je suis fou, mais c’est le contraire. »
2017 : du bourg vendéen au Jimmy Fallon Show
C’est sûrement l’un des invités les plus étonnants de Jimmy et qui fait rayonner l’industrie musicale française à l’international. Do not play this song, c’est la rubrique de l’émission dans laquelle apparaît le morceau « Moustache » du français, suivie d’une autodérision mise en spectacle à travers la performance délirante de Katerine. Au programme : éclats de rire à outrance accompagnés de moustaches géantes qui se dandinent sur le plateau. Au final, on se demande si le directeur artistique a simplement suivi la ligne éditoriale de l’invité, ou s’il a abusé de delirium…
2017 : quand Philippe juge le rap français
Dans cette vidéo YouTube parue en 2017, le média GQ réunit deux univers pleinement différents aux crossovers inattendus : Koba la D, Booba, Vald, Ninho, etc. x Philippe Katerine. À base de commentaires subtils et très détaillés ; il y découvre qu’un « petit commerce » s’est installé au 2ᵉ étage de la tour Eiffel grâce au clip « au DD » de PNL, que Koba fait bon usage de l’enseigne La Poste dans son clip « Freestyle ténébreux », et est d’ailleurs séduit par les « octaves » du rappeur. Ses critiques sont inattendues et qualifiées comme « hors sujets » tout en gardant le statut d’un « génie » à la vision futuriste. GQ a pu bénéficier de l’objectivité cocasse du chanteur et générer 1,5 million de vues.
2019 : un discours plein d’amour aux Globes de Cristal
Discours ou déclaration d’amour ? Lors de la cérémonie des Globes de Cristal en 2019, le chanteur, qui est aussi comédien, est sacré « meilleur acteur de comédie » après son rôle dans le film de Gilles Lellouche, Le Grand Bain. À ce prix s’ensuit un discours, touchant, amusant, pertinent, où il déclare « Je reçois apparemment ce prix individuel pour un film qui prône le collectif, ça me gêne (…) ». Même ému, Philippe Katerine arrive à faire rire un public tout entier et prouve n’avoir jamais froid aux yeux, même devant les plus grands noms du cinéma français.
2020 : aux Victoires de la musique, le COVID-19 comme clou du spectacle
Quinze ans après, rebelote : le vendéen revient sur la scène des Victoires de la musique avec un costume en accord avec le contexte épidémique de COVID-19. Déguisé d’une cape de gants en plastique, il interprète « Stone moi » une musique tout aussi folle. Encore une fois, il impose sa personnalité et son allure désinvolte au plus grand plaisir du public et des internautes qui, à leur tour, ne manquent pas d’imagination face à celle du chanteur. Inconvénient : pénurie de gants Mapa ; avantage : victoire du prix du meilleur artiste masculin.
JO 2024 : une olympiade culturelle pas comme les autres
Lady Gaga, Aya Nakamura, Juliette Armanet & Sofiane Pamart… que du beau monde pour cette cérémonie d’ouverture ! Mais les projecteurs se sont rivés non pas sur la performance au ton révolutionnaire de Gojira, mais sur un vendéen, classé « hors normes », à moitié nu, déguisé en Dionysos : notre Philippe Katerine national. Si certains ont vu bleu, d’autres ont vu noir : censuré, réprimandé, incendié, accusé ; la presse internationale n’a pas été tendre avec « the naked blue man ». Il a fait sensation dans le monde entier, censuré à la télévision américaine et marocaine, shazamé à outrance au Royaume-Uni, en Espagne et même au Brésil.
Ce bad buzz lui vaut donc une montée en popularité et en stream pour son morceau sorti il y a bientôt 20 ans « Louxor J’Adore ». Après ce (bad) buzz, le Dieu du vin et de l’ivresse déclare avec audace :
« J’ai trouvé ça (la cérémonie) très fou, libre, frais. Après les polémiques j’en sais rien, s’il n’y en avait pas ce ne serait pas marrant. Si tout le monde était d’accord et avait le même avis, quel ennui sur cette terre, ce serait un autre fascisme. (…) »