Tranquillou.
« C’est le moment d’écouter de la salsaaaa », la voix résonne dans les transistors du Vénézuela, elle est celle du dernier DJ recrue de la radio nationale vénézuélienne… et accessoirement celle du président.
Alors que Nicolas Maduro vient de faire empêcher la mise en place d’une pétition pour exiger un référendum révocatoire contre sa personne, la montée d’un certain autoritarisme angoisse l’opinion publique. Comme l’explique le Guardian.
Il faut dire qu’une motion à son égard est probable vu l’incroyable impopularité dont il fait preuve, notamment en raison de l’émergence d’une importante crise humanitaire. Le Venezuela est en effet plongé dans une crise profonde où gouvernement et opposition se renvoient la balle en s’accusant mutuellement de vouloir perpétrer un coup d’Etat. Comme le rappelle Le Monde : « La crise au Venezuela est entrée dans une impasse économique, sociale, politique et institutionnelle. Un « dialogue national » entre les représentants du gouvernement et l’opposition, annoncé lundi 24 octobre par un émissaire du pape François, a aussitôt été désamorcé, l’opposition ayant démenti la nouvelle.
Le référendum révocatoire qui devait écourter le mandat du président Nicolas Maduro a été suspendu. La commission électorale a annoncé le report vers le milieu de 2017 des élections des gouverneurs des régions, initialement attendues en décembre. Le Parlement, contrôlé par l’opposition, a approuvé mardi l’ouverture d’un procès en destitution contre le président, qui a dénoncé un « putsch parlementaire », tandis que l’Assemblée avait adopté dimanche 23 octobre une résolution qui qualifie les actes de l’exécutif de « coup d’Etat ». Une situation qui semble inextricable. »
Pourtant au milieu de tout ceci, le président, qui semble avoir une connaissance encyclopédique de la salsa des 70’s anime une émission la plupart des mardis et vendredis. « Notre peuple a le droit de s’amuser, » déclame le président au micro.
Le flux vidéo associé au programme (qui dure tout de même 4 heures) le montre esquissant des pas de danse ou agitant des maracas, mais aussi divulguant quelques petites saillies politiques. Un des derniers appels entrant de l’émission était ainsi le président du Nicaragua, Daniel Ortega, que Nicolas Maduro félicitait pour sa 3e élection, dans une campagne que ses opposants avaient qualifiée de « la plus truquée » depuis l’arrivée au pouvoir des sandinistes…
Alors que l’ensemble des observateurs dénoncent des choix politiques qui mènent à une dictature, on comprend mieux pourquoi le Président aime à faire voir ses pas de danse à la fin de l’émission alors qu’il fait tournoyer son épouse, Celia Flores, surnommée « La première combattante » autour du studio.
Il n’est pas certain que l’on retrouve l’émission dans Qué Onda en revanche…
Photo : Marcelo Garcia/AFP/Getty Images