Habibi Funk s’apprête à rééditer la musique d’Ahmed Ben Ali et d’un reggae libyen qu’on vous dévoile en exclusivité sur nova.fr.
Il est utile de rappeler la singularité de la musique reggae, et de l’improbable et inédite diffusion de cette musique née sur une île pas forcément gigantesque et dont l’impact a dépassé, en une fraction de secondes, les frontières de l’unique Jamaïque, pour se propager absolument partout dans le monde. Des tee-shirts à l’effigie de Bob Marley, on en trouve dans la plupart des marchés du monde, et du reggae, de manière générale, il est possible d’en entendre aux quatre coins de la planète.
Le reggae, on en joue, et on s’en inspire aussi, parfois. Dernier exemple en date de cette globalisation qui intervient, parfois, dans des endroits que l’on n’attendait pas forcément à l’origine : ce disque qui va bientôt sortir sur le très bon label de réédition Habibi Funk — qui réédite des disques oubliés du Liban, du Maroc, de Tunisie, d’Algérie… — et qui met en avant du reggae proposée depuis un point de vue…libyen !
Étonnant de constater que du côté du Golfe de Syrte, aussi, le reggae a eu son âge d’or ? Ce fut pourtant le cas dans les années 70, au moment de l’explosion mondiale du reggae. À Tripoli, on écoutait Bob Marley ou Peter Tosh comme on le faisait à Kingston, à Londres, à New York, à Paris. Et certains groupes locaux s’en inspiraient, proposaient une vision du genre qui leur était propre, ajoutait leur touche à un édifice déjà imposant et qui allait s’agrandir encore. Un reggae spécifiquement libyen, basé sur un mélange entre les sonorités jamaïcaines et celles, folkloriques, venant de Libye (le Zimzamet notamment), était sur le point de voir le jour. Certains artistes émergèrent alors, et Ibrahim Hesnawi est sans doute le plus célèbre d’entre eux.
La progression, pour le reggae libyen, aurait pu être plus grande encore, si l’arrivée au pouvoir de Kadhafi (1969) et la mainmise progressive des fondamentalistes islamistes sur le pays n’avaient pas rendu, pour les artistes et surtout pour ceux qui berçaient plutôt dans le métissage, toute tentative créatrice périlleuse.
Entre le folk libyen et la musique reggae, des connexions
« Nous avons ajouté au reggae jamaïcain des notes et orientales et si vous mélangez les deux, ça devient quelque chose de génial ! », raconte Ahmed Ben Ali, l’artiste aujourd’hui mis en avant par Habibi Funk et issu d’une vague reggae plus tardive que celle qui a vu le jour en Libye dans les années 70, puisque la musique de Ben Ali, elle, a émergé dans les années 2000. « Le rythme folklorique libyen est très similaire au rythme reggae. Donc, si les Libyens écoutent du reggae, c’est que cette musique leur semble familière. C’est la principale raison pour laquelle le reggae est devenu si populaire ici. ».
Le morceau que l’on vous dévoile aujourd’hui en exclusivité sur nova.fr — « Subhana » — a été enregistré il y a 10 ans. Ingénieur technique de jour et musicien de nuit, Ahmed Ben Ali avait créé un home studio à Benghazi, la deuxième ville de Libye après la capitale Tripoli, d’où il a composé cette musique métissée, qui fait le pont entre deux cultures que tout opposé avant que certains, pionniers et plus ouverts que la moyenne, aient décidé de les connecter.
La réédition de la musique d’Ahmed Ben Ali par Habibi Funk est prévue pour le 21 février. « Et ce n’est que le début… », nous prévient Jannis Stürtz, fondateur d’Habibi Funk lorsque l’on évoque avec lui la possibilité de se plonger, plus profondément encore, dans la musique émanent du pays libyen…
Visuel en Une © Habibi Funk