Grâce à « Roxy : The Movie ».
Frank Zappa est assez peu cité et connu aujourd’hui, et je pense que très peu de fans l’écoutent encore. Pourtant il fut un des phares de la côte ouest. Le Hippie le plus grande gueule qu’on ait vu… Cynique, ironique, acide et adoré de la critique. Certains de ses concerts devaient contenir plus de ses diatribes que de solos ou de riffs. Curieux personnage hyperactif (une cinquantaine d’albums !) qui écrivait, jouait, produisait, dirigeait… Tournait des vidéos et des films.
Sicilien d’origine, arrogant et autoritaire, il a dirigé son groupe, (modestement appelé les Mothers of Invention), ou même des pointures réputées ingérables comme Captain Beefheart, ou encore les GTO ( Girls Together Outrageously ) – une célèbre troupe de groupies intenables et délurées, qui faisaient partie de sa tribu.
En réalité, Zappa joue du Jazz Rock, avec des influences contemporaines, genre Varèse, Stravinsky, Webern… Sur des bases Jazz et Rythm and Blues, il multiplie les breaks, les arythmies ou les accélérations de notes. Il utilise aussi des effets sonores et des collages d’éléments pris dans des films ou des discours politiques.
Entre chaque envolée de notes et de sons, après un break abrupt, Zappa parle et critique la société, la morale, les religions, les hippies stupides, l’amour…On a pu dire que c’était une sorte de Rap. Il a avoué plus tard ne pas pouvoir jouer et parler en même temps, d’ou ce rythme syncopé : discours, puis avalanches de notes. Eagle Vision ressort son concert au Roxy de New York en 1973. Le Grand freak brun à barbiche de mousquetaire, en patte d’ef et chaussures à plateau, y va donc de son ironie, de son rythme syncopé, déjà bien avancé dans sa carrière depuis 1966.
Pas vraiment dansable, intellectuel corrosif, Zappa attirait une clientèle de jointés intellos, d’universitaires déjà un peu blasés et ronronnants , au scepticisme issu de la Beat génération, et qui allaient voir le mythe hippie s’écrouler d’un coup. Ensuite, Zappa allait s’occuper de politique ( avec Vaclav Havel), enregistrer avec l’orchestre Symphonique de Londres ou être joué par l’ensemble intercontemporain dirigé par Pierre Boulez, notre mister musique contemporaine.
Mais en dehors de ce côté officiel, reconnu, savant ( ses mesures musicales asymétriques ou polyrythmiques) et ambitieux ( Il a au moins 3 statues dans le monde :Tchéquie, Allemagne et Lithuanie), il fut l’archétype du freak déconneur, Yippie provocateur, discutailleur et raisonneur, ultra IN entre 1969 et 1973…
Ses titres d’albums ou chansons sont absurdo- dadaïstes : We’re only in It for the Money, You are What you is, The grand Wazoo, Hot Rats, Thing Fish, Bongo Fury… Beaucoup de personnages très typés et marqués par une époque, ont un futur plus difficile , car ils « représentent » trop parfaitement un moment de notre histoire et risque de se démoder d’autant plus vite, car le feeling n’existe plus.
Mais les fans de Zappa sont nombreux et répandus partout, et ce mousquetaire de la Pop décalée, qui se fit appeler Ruben (and the jets), Sheikh Yerbouti, Francesco Zappa et autres fantaisies reviendra toujours par là ou on ne l’attend pas .
Frank Zappa And the mothers of invention. Roxy : The Movie. ( Eagle Rock )
Blue ray. DVD & DVD+ Cd . 9titres + 2 bonus.
116 minutes. Dolby Stereo . Couleurs
* et Napoleon Murphy Brock ( saxo et flute sur ce concert) sera à la chapelle des lombards les 10 et 11 decembre à 19h ( 19 rue de Lappe. Paris 11eme)