Il est des nuits où le battement d’ailes d’un moustique dans ta chambre pourrit ta nuit sans pour autant pourrir celle d’un autre de tes congénères au Japon ou au Brésil.
Chaque année, c’est là même chose, je les oublie. On les oublie comme s’ils n’avaient jamais existé, comme si le dernier croisé à la fin de l’été, avait été l’ultime, comme si la famille moustique toute entière s’était éteinte faute de descendance. Je m’étais laissé à penser que le bourdonnement de cet ultime moustique avait été son chant du cygne, comme si un créateur tout puissant, appelle-le, invoque-le comme tu voudras, tu as l’embarras du choix, comme si un créateur tout puissant ou un insecticide surpuissant, de préférence un de ceux pour les bêtes qui font bzzzz avait définitivement anéanti cet olibrius volant et piquant, ce suceur de sang, plus énervant de nuit qu’une d’insomnie, plus irritant qu’une soirée déconfinement chez ton voisin de 23, 24 ans.
A 7:40 passé, je dis mollo sur les fléaux. On a déjà assez à faire avec le coronavirus, les violences conjugales, la fermeture de discothèques pour ne pas ajouter le moustique et pire le chikungunya, la dengue, la filariose lymphatique et toutes les autres maladies ou simplement désagréments causés par le moustique. Par fidélité à ma mission quotidienne, je devrai vous dire que c’est avec bienveillance et sans haine, que j’ai accueilli son bourdonnement à mes oreilles, que je me suis dit : enfin l’été, enfin temps de remiser ma couette de ressortir mes tongs après une première tentative très vite avortée du fait du dérèglement climatique car appelons un chat un chat et un bordel climatique, un dérèglement climatique plutôt qu’un réchauffement climatique. Car le réchauffement pour nous habitants et habitantes des zones tempérées est juste synonyme d’un automne-hiver-printemps plus doux et d’un été caniculaire, mais rien de pire. Alors que l’avenir est au grand n’importe-nawak climatique autant le savoir. Un grand n’importe-nawak climatique qui conduira tôt ou tard des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sur les routes pour espérer survivre. Qui sait même toi qui n’aime les migrants qui n’aime pas les personnes déplacées devras-tu un jour, ou peut-être une nuit prendre la route.
Mais revenons à cet intrépide moustique qui m’a pourri une partie de la nuit, à ce premier moustique d’une longue liste qui va, lui ou ses frères, l’été durant, “disturber” mon sommeil, je pense que j’ai, sur le coup de 5h du mat, sans haine aucune mais avec beaucoup d’énervement, fini par le coincer, entre le drap du matelas et ma main, à moins qu’il ait profité de cet appel d’air pour voler vers d’autres chambres enquiquiner mes minots par exemple que je remercie.