Madame Lin est une vieille dame. De l’âge où l’on est dépendant. Ses enfants la placeraient bien en hospice, mais tous les établissements sont surchargés. En attendant que quelqu’un y débarrasse un lit (autrement dit, meure), Madame Lin va devoir être hébergée chez ses fils et filles, à tour de rôle.
Cette situation est devenue quasi-ordinaire dans le monde contemporain. Sauf que dans le cas de cette octogénaire précise, elle a lieu dans un coin reculé du Shangdong, une province chinoise.
Hormis la langue, le climat et les paysages, le film de Zhang Tao rappelle cependant une autre contrée de cinéma : la Roumanie de Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours) ou de Cristi Puiu (La mort de Dante Lazarescu).
Le rire de Madame Lin jumelle le monde rural sous Xi Jiping et cette vision acerbe du Bucarest post-Ceausescu pour raconter le paradoxe d’un pays fier d’être un des plus importants de la planète mais qui repose sur un système administratif et social rouillé.
C’est indiqué dans le titre, Madame Lin se marre. Le film aussi, mais d’un humour grinçant, quand rien ne dit si l’hilarité de la vieille dame est due à la triste absurdité de sa situation ou par sénilité. À moins que ce ne soit un pied de nez à ses enfants, parce qu’elle sait, elle qu’à son âge, elle sera bientôt libérée de cette vie qui n’en est pas une.
Un indice va dans ce sens : le titre chinois du Rire de Madame Lin, Xi Sang vient d’une proverbiale tradition où l’on célèbre les aïeuls qui sont morts joyeux, parce qu’ils ont vécu plus longtemps que ce qu’ils espéraient.
Sous ses airs de chronique rigoureuse d’un quotidien, Le rire de Madame Lin, s’amuse de cette ironie. Pour éviter de pleurer devant le sort d’une plèbe chinoise face au libéralisme actuel ?
En salles ce mercredi 27 décembre. On vous offre des places pour la séance de votre choix ! Gagnez les ci-bas avec le mot de passe.