À propos du Rocher de Palmer, dissipons tout de suite l’équivoque, s’il y a des lynchiens de garde par ici : non ce n’est pas en référence à Laura Palmer, la prom queen mystérieusement assassinée de Twin Peaks, que l’anguleux complexe cenonais a choisi son nom. Il faut plutôt chercher du côté de l’écrin vert qui le sertit : le Parc Palmer, qui tient son blase d’un général britannique, Charles Palmer, ancien propriétaire de ce grand terrain à flanc de colline où furent organisés, récemment, les « Championnats du Monde de foot en pente » (auxquels votre serviteur a participé, mais c’est un autre sujet).
Bref, le Rocher de Palmer, c’est l’enceinte perchée sur la Côte des Quatre Pavillons (plutôt qu’à pied, il est indiqué d’y venir en tram, via la ligne A), surplombant la Belle Endormie™ classée UNESCO. Là-haut, deux salles (de 1200 et 450 places) et un auditorium de 650 sièges. Ça laisse une jolie marge de manœuvre, marge dans laquelle les urbains de passage ont pu croiser, lors des dernières semaines avant que la pandémie ne mette un tour de clef à tous les lieux culturels, des Katerine, des Mayra Andrade, Kokoroko, Metronomy, Pomme, Jean-Luc Ponty, Magma, Nova Twins ou encore Chassol. Du jazz, de la pop, du rap, du rock, de la sono mondiale : ici, pas de barrières jetées en travers des esgourdes.
Ajoutons que la salle a accueilli plus d’une Nuit Zébrée (en 2012, 2014, 2015, 2017 et 2019) et vous comprendrez aisément que ce ne sont pas les raisons qui nous manquent pour aller s’enquérir de leur situation. Pour ce faire, Nova a missionné son plus beau pigeon voyageur, quelques questions dans le creux des pattes ; le destinataire : Patrick Duval, directeur de ce polygone banlieusard et musical.
Nova : Racontez-nous l’histoire de la salle. Quelle est sa philosophie, son identité ?
Patrick Duval : « Le Rocher de Palmer a ouvert ses portes en 2010 à Cenon, sur la rive droite de Bordeaux, au cœur d’un quartier populaire et cosmopolite, où cohabitent plus de quatre-vingts nationalités. L’idée était d’accompagner la transformation de ce territoire, contribuer à changer son image, notamment auprès des Bordelais.
L’ancrage dans le quartier, le travail avec les associations, les partenariats à développer étaient donc pour nous indispensables afin de ne pas avoir un projet hors-sol, parachuté de l’extérieur. L’action culturelle devait (et doit) être l’affaire de toutes et tous ; elle avait un rôle fondamental en accompagnement d’une programmation régulière de concerts. C’est toujours notre ligne de conduite, dix ans plus tard. »
N : Quelle est votre couleur musicale, votre ligne artistique ?
PaD : « Le lieu est consacré à toutes les musiques, de la musique classique à la musique contemporaine. L’axe fort de la programmation est bâti sur le jazz et les musiques du monde, mais il y a également une grosse programmation rap, des soirées électro, de la chanson française …
La particularité de ce bâtiment hors norme est de posséder trois salles, qui nous permettent de programmer trois concerts en simultané. C’est aussi un lieu de vie impliqué dans le quartier avec un espace de coworking gratuit et une pépinière d’entreprises culturelles où nous accompagnons des porteurs de projets. Enfin la Cabane du Monde, avec des siestes musicales organisées toute l’année, contribue à une sensibilisation, une découverte des musiques du monde. »
N : Parmi les derniers concerts que vous avez programmés, lequel, lesquels vous ont particulièrement marqué ?
PaD : « Chassol est le dernier concert que nous avons accueilli avant le premier confinement en mars 2020 : c’était le monde d’avant, sans masques, sans distanciation, et un projet musical audacieux. Kompromat en octobre dernier, assis, masqué, « distancié » et pourtant si vivant, euphorique, reste aussi un sacré événement ! »
N : Et maintenant la question fatidique d’après-le-flou … Quels projets ourdissez-vous pour 2021, voire pour l’année prochaine ?
PaD : « Les projets ? Se tenir prêts pour ouvrir le Rocher dès que possible ! Retrouver cette ambiance incroyable de ruche où tant de monde se croise dans la journée et, le soir venu, partage le plaisir de la musique live. En attendant, il est important de permettre aux groupes de travailler, donc d’ouvrir les salles, accueillir des résidences, préparer demain.
Nous allons aussi revoir la temporalité de la programmation : pour la première fois, nous avons prévu des concerts courant juillet, qui s’ajouteront à nos traditionnels festivals estivaux en plein air – le Festival des Hauts de Garonne et les Inédits de l’Été, tous deux gratuits. Et comme le Rocher de Palmer a la chance d’être situé dans un parc doté d’un théâtre de verdure, à quinze minutes du centre de Bordeaux, nous projetons d’y organiser un nouvel événement, les Arènes du Rocher, dès l’été 2022. »
Avec tout ceci dans le coin de l’œil, Nova Bordeaux et le Rocher de Palmer vous offrent des billets pour les lives à venir dans la salle cenonaise (avec, petite indiscrétion, du Tricky, du Nubiyan Twist ou du Thylacine à l’intérieur), accompagnées de masques made in Rocher de Palmer. Pour rafler la mise, rendez-vous ici, sur ce lien, avec votre mot de passe Nova Aime. Il ne vous restera plus ensuite qu’à implorer la Fortune sous un fer à cheval, ou quelque chose comme ça.