Une exagération de mots.
Au début des années 70, une fois passé les délires révolutionnaires, maos, guévaristes ou trotskystes, il y eut une vague d’intellectualisme agressif, et on s’est retrouvé avec un clan d’INTELLOS qui tenaient le haut du pavé. Les groupies allaient les écouter dans des facs, étudiants et diplômés squattaient leurs séminaires, on ne jurait plus que par Deleuze, Guattari, Sollers, Foucault ou Lacan, dans un pot pourri d’idées, d’avant garde, de philo, de dialectique… et de psychanalyse !
Il n’y en avait plus que pour le « surmoi », le » ça », l’inconscient – souvent collectif -, le tout enveloppé d’un parfum de libération, de sexualité et de « quête de sens »… Tout était prétexte à analyse, démontage du sens caché, prise de conscience et prise de tête : argent, prison, sexe, information, comportement, violence et passion.
Toute la vie était captive de ces savants cerveaux à la mode, qui avaient remplacé les vieux mandarins des institutions et des universités. Un clou chasse l’autre. C’est alors que mes camarades d’ACTUEL, Patrick Rambaud et Michel Antoine Burnier commencèrent à contre-attaquer. Leur première parution rerparait 40 ans après, pour sa réussite, sa drôlerie et sa pertinence toujours renouvelée, toujours sous la même forme d’un CLASSIQUE LAROUSSE. Leur ROLAND BARTHES SANS PEINE, parodiait le style du sémiologue des beaux quartiers, mais comme un « mode d’emploi » avec exemples, commentaires et exercices à faire sur cette nouvelle grammaire jargonneuse.
Redéfinir notre monde à travers ses SIGNES, ses symboles, comme un langage caché de nos intentions, pulsions… c’était très bien, mais il y avait ABUS! D’ou ce délicieux pastiche,( et ils en firent d’autres), avant de scénariser mes parodies de Bande Dessinée dans Actuel puis en albums( de Tintin à Astérix, de Gotlib à Druillet, toutes les idoles des bédéphiles y passèrent).
Il est temps de recommencer à parodier tous les petits maitres d’aujourd’hui. Il y en a beaucoup qui le méritent (sauf ceux de la télé, qu’il faut oublier)
_ Le ROLAND BARTHES SANS PEINE , par Michel Antoine Burnier et Patrick Rambaud . Editions CHIFLET et Cie. 112 pages . 13 euros 50