Il affirme être écolo, les associations n’y croient pas du tout
Peut-on aimer le surf et militer pour la défense de l’environnement ? A priori oui, mais en réalité le dilemme est cruel. Voilà un serpent de mer, c’est-à-dire un sujet d’actualité dont on ne voit jamais la réalité et qui par conséquent revient inlassablement sur le tapis. C’est le cas du Surfpark de Canéjan en Gironde…
Deux bassins à vagues artificielles, de 19 000 m³ d’eau, pour accueillir jusqu’à 300 surfeur·euses par jour.
Canejan est une commune de Gironde. C’est là, dans cette ville de 6 000 habitants, qui se trouve à 50 km de la côte Atlantique, qu’une petite poignée de surfeurs s’est mis en tête une idée bizarre : Monter le premier surfpark de France, des vagues artificielles en zone urbaine. L’idée germe dans la tête de ces cinq entrepreneurs réunis au sein de « l’Académie de la glisse » pendant la crise sanitaire. Seulement voilà, créer un Surfpark ne s’improvise pas, surtout avec les défenseurs de l’environnement en embuscade (en l’occurrence, La Sepanso Gironde, Surfrider Foundation et le collectif Canéjan en transition). Ces derniers sont vent debout contre le projet qui vise à créer deux bassins à vagues artificielles, de 19 000 mètres cubes d’eau, pour accueillir jusqu’à 300 surfeur·euses par jour. Ils ont lancé une pétition qui a déjà réuni plus de 60 000 signatures et ont déposé un recours devant le tribunal administratif, pour faire annuler le permis de construire accordé en février dernier.
« On ne va pas déboiser, on va réhabiliter »
Face aux critiques, les porteurs du projet ont décidé de lancer une campagne sur les réseaux sociaux : « On le sait tous, bétonner du terrain, c’est déboiser de la forêt et ça aggrave le réchauffement climatique, alors on a eu cette idée, on va pas déboiser, on va réhabiliter » déclare l’un des surfeurs dans la vidéo. Et de préciser que le site sera doté de cuves de récupération d’eau de pluie, que le Surfpark n’aura pas besoin d’eau, sauf à son remplissage, et que cette eau se purifiera d’elle-même, elle n’aura donc pas besoin d’être changée. Autant d’arguments qui ne convainquent pas les associations de défense de l’environnement qui affirment que les estimations de récupération d’eau sont trop hautes et ne sont pas réalisables, et qu’il y a déjà eu du déboisement au moment de l’acquisition du terrain. Les associations pointent aussi » l’absence d’inventaire sérieux des espèces protégées peuplant le site et ses environs immédiats » et « la modification d’un parc de stationnement dans un espace boisé classé qui génèrerait des coupes et des abattages d’arbres en zone naturelle ».
Faute de prendre la vague, nos surfeurs vont prendre leur mal en patience. Car, au total, outre le Surfpark de Canéjan, 8 projets de vagues artificielles ont déjà été envisagés en France ces dernières années (à Saint Jean de Luz, Saint Père de Retz, ou encore Sevran en Seine St Denis), or aucun n’a vu le jour…