« Si tu rippes ce disque, tu vas tuer l’industrie musicale ».
Dans Bam Bam, le focus du jour parle d’un piratage d’un autre temps : celui où les K7 enregistrées faisaient trembler l’industrie musicale.
Souvenez-vous : les compilations, les mixtapes faites à la maison. Il suffisait d’écouter la radio, et d’appuyer sur le bouton REC au bon moment pour garder une trace de nos émissions préférées sur des K7 que l’on décorait ensuite avec beaucoup de soin. Ce bon souvenir, pour les quelques nostalgiques que vous êtes, en a pourtant effrayé plus d’un, et notamment, du côté de l’industrie musicale, qui a cru qu’à cause de ce piratage artisanal, les ventes de vinyles allaient chuter inexorablement. Au point qu’en 1981, en Angleterre, a été lancée une campagne de sensibilisation intitulée Home Taping is Killing Music – comprendre « l’enregistrement à la maison tue la musique » – tout simplement.
De nombreux vinyles et K7 ont alors été équipés de jaquettes à messages, histoire de prévenir l’utilisateur : « si tu rippes ce disque, tu vas tuer l’industrie musicale ». Des messages qui ne sont pas sans rappeler ceux qui condamnaient le téléchargement illégal dans les années 2000 :
Force est pourtant de constater que la musique n’est pas morte avec les K7 audio, de la même manière que le téléchargement illégal n’a pas tué les ventes de disques. En 2013, la London School of Economics a tranché : non, le piratage de contenus n’a pas fait baisser l’achat de musique. Mieux encore, ripper des émissions ou des morceaux qui passaient à la radio a été un art, une culture à part entière. Le geste a également permis à énormément de jeunes de se forger une culture, et on sait à quel point les tapes des émissions de Dee Nasty, de Lord Zeljko ou de Cut Killer sont importantes pour les auditeurs qui les ont enregistré à l’époque.
Bien sûr que non les mixtapes maison n’ont tué personne, et au contraire, elles ont créé des armées de mélomanes. Il y a même des groupes punk qui ont incité leur public à enregistrer illégalement leurs morceaux ou Malcolm McLaren – producteur des Sex Pistols – qui a laissé une face B d’un 33 tours des Bow Wow Wow complètement vierge pour que les acheteurs puissent pirater d’autres sons.
Bam Bam, c’est le Bureau des Affaires Musicales de Radio Nova, animé par Sophie Marchand et Jean Morel, du lundi au vendredi sur Nova.
Visuel © Getty Images / Philip Gould