Le film en deux parties est actuellement diffusé aux États-Unis.
Il était attendu depuis des mois, le documentaire Leaving Neverland, traitant des accusations de pédophilie contre Michael Jackson, est actuellement diffusé aux États-Unis. Réalisé par le réalisateur britannique Dan Reed, il est découpé en deux parties de deux heures chacune, l’une diffusée hier, l’autre demain, sur la chaîne américaine HBO. Leaving Neverland donne la parole à deux victimes présumées Wade Robson et Jimmy Safechuck, ainsi qu’à leurs familles.
Projeté en avant-première au festival Sundance le 25 janvier dernier, le film aurait laissé son public « abasourdi », notamment parce qu’il laisse peu de place au doute, mais aussi parce qu’il dépeint de manière détaillée de potentiels actes de pédophilie. « Les témoignages sont violents, mais il le fallait pour que le public soit convaincu qu’il y avait effectivement eu des abus sexuels », déclarait le réalisateur à Variety il y a quelques jours. « C’est difficile à regarder pour le public, et ça a été très difficile à raconter pour les gars [Wade Robson et Jimmy Safechuck, ndlr]. À chaque fois que je regarde ces scènes je suis plein d’admiration pour leur courage. »
Procès posthumes ?
Ce documentaire à charge pourrait relancer des procédures judiciaires contre le Roi de la pop. Ses héritiers, eux, parlent d’un « assassinat posthume ». Ils ont d’ailleurs tenté par tous les moyens de discréditer le documentaire avant sa sortie. Notamment en intentant un procès à 100 millions de dollars contre le diffuseur, HBO. Les ayants-droit de Michael Jackson s’appuient sur la rediffusion, par la chaîne, au sein du documentaire, d’un live dont elle n’aurait plus les droits.
Ce même live, une performance de Michael Jackson à Bucharest lors du Dangerous Tour de 1992, a été posté sur la chaîne Youtube du chanteur hier soir, pour une durée limitée, au moment-même de la diffusion de la première partie de Leaving Neverland. Un pied de nez, mais aussi, peut-être, une diversion pour tenter une dernière fois de détourner les fans de l’artiste d’une enquête accablante. Rebelote ce soir, son concert enregistré au stade Wembley sera également posté en libre-accès aux mêmes horaires que le second documentaire.
Don’t miss the magic from the King of Pop himself! Immerse yourself in Michael Jackson. Live in Bucharest and Live at Wembley Stadium available for a limited time on Michael Jackson’s @youtube! pic.twitter.com/kdc6yZjKMA
— Michael Jackson (@michaeljackson) March 2, 2019
Séparer l’homme de l’oeuvre ?
Pendant ce temps-là, comme le remarquait Armel Hemme sur nos ondes dans sa Revue de presse musicale ce matin, au Grand Palais, à Paris, on range les oeuvres. L’exposition « Michael Jackson : On the wall » qui s’y tenait en janvier et février, a attiré 156 000 spectateurs. Elle présentait des oeuvres signées par Andy Warhol, David LaChapelle ou Jeff Koons, rendant hommage au chanteur. Terminée avant le retentissement du documentaire, elle échappe de peu à l’éternel débat, qui est déjà en train de naître aux États-Unis : peut-on encore rendre hommage à Michael Jackson de cette manière ?
« Faut-il séparer l’homme de l’oeuvre ? », c’est à cette difficile question que s’était attaquée, au moment du mouvement #MeToo, la journaliste Clémentine Gallot dans une article pour nos consoeurs de Cheek Magazine. « L’attitude la plus courante en France consiste encore à laisser en dehors de la salle de cinéma ou du visionnage ses convictions », pouvait-on y lire. En sera-t-il de même pour la musique ? Pour une oeuvre aussi pléthorique et importante que celle de Michael Jackson ? « Je pense qu’il y aura un changement quant à la diffusion des morceaux de Michael Jackson dans les lieux publics et dans les lieux destinés aux enfants », prophétise pour sa part Dan Reed. En France, Leaving Neverland sera diffusé sur M6 le 21 mars prochain à 21h.
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