Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Lee Fields, Sentimental Fool
Passons d’abord ce vendredi d’octobre en compagnie de Lee Fiels, sentimental éternel qui chante les douleurs, les remous, les mutations du cœur depuis la fin des années 70 et qui continue à le faire encore, plus de quarante ans plus tard. Aujourd’hui, le géant de la musique soul américaine sort Sentimental Fool, un album qui marque les retrouvailles de Lee Fields et du producteur Gabe Roth, disque qui fera couler sur la joue des plus sensibles d’entre vous quelques larmes réconfortantes bien légitimes. On a donc le droit de pleurer un peu sur “Just Give Me Your Time” ou sur “Save Your Tears For Someone New”, c’est autorisé. Les autres ont aussi le droit de faire semblant de ne pas être bouleversés, c’est ok.
Roger Damawuzan, Seda
Une autre légende, venue du Togo cette fois-ci. Roger Damawuzan en l’occurrence, bien connu de ceux qui s’intéressent à ce qui se trame du côté de ce pays d’Afrique de l’Ouest dont les années 70 furent musicalement marquées par les performances de l’Orchestre Melo-Togo, et enfin par celles, en “solo”, de Roger Damawuzan, musicien symbole d’une musique écartelée entre le highlife de l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, le funk inné de James Brown, l’afrobeat du grand Feka. Proche, aussi, du funk métissé et influencé par les cultures vaudoues de Vaudou Game, dont les musiciens accompagnent, sur ce nouvel album paru ce jour, cet immense nom qui a mis Lomé sur la carte du monde et fait exister la musique togolaise bien au-delà de ses frontières.
Grèn Sémé, Zamroza
“J’aimerais savoir, c’est compliqué, à quel saint me vouer ?”. Les Grèn Sémé, eux, ont choisi depuis trois albums l’adoration d’un maloya électrique, parfois slamé, souvent engagé, nécessairement mélancolique. Éminemment anti-capitaliste et alter-mondialiste, aussi, comme sur “Catéchisme citoyen”, tirade récitée comme une poésie qui caresse, qui tape et qui conscientise, tout à la fois. “On a vu, tu vois, 1000 raisons de désobéir. De sourire juste avant que leurs fusils ne tirent”. Tout est là.
Ásgeir, Time On My Hands
Dévotion, encore. Celle que nous vouons à la musique d’Ásgeir, cet Islandais introverti, sensible, délicat dont le folk électrique (et boréal ?) nous transporte, systématiquement, dans des hauteurs de grâce, de mélancolie, de beauté. De passage dans notre Chambre noire cette semaine, l’Islandais à la voix d’or partage de nouveau un océan de douceurs dans Time On My Hands, album plein de charmes (“Time On My Hands”, “Vibrating Walls”, “Blue”), de groove (“Borderland”), d’une pop un peu new-wave (“Snowblind”) toujours orientée vers l’exploration d’un intérieur qui semble peuplé d’ombres et qui parvient, en joignant l’extérieur, à capter la lumière.
Smino, Luv 4 rent
On note aussi la sortie du troisième album de Smino, Luv 4 Rent., accompagné par les compères J. Cole, Doechii, Ravyn Leane ou Lil Uzi Vert. Le rappeur du Midwest fait appel aux esprits du hip-hop et de la néo-soul pour travailler un univers bien à lui qui groove bien comme il faut et qui fait particulièrement mouche sur Defibrilator », l’un des morceaux les plus cools d’un disque qui, de cool, en manque certainement pas.
King Gizzard & The Lizard Wizard, Changes
Enfin, des grands malades. Après avoir sorti cinq albums en un an en 2017 (belle perf’), les Australiens de King Gizzard & The Lizard Wizard, qui composent et tournent et jouent tout le temps tout le temps tout le temps reviennent ce mois-ci avec… trois nouveaux albums. Peut-être y aura-t-il d’autres albums à suivre. On ne sait plus trop. Ce jour-là quoi qu’il en soit, car vous ne pouvez pas tout écouter d’un coup, branchez-vous en prio sur Changes, disque ouvert par un titre de treize minutes psychédéliques, progressives, pop, bruitistes, punk, déjantées bref, tout ce qui fait la particularité de ce groupe australien qui ne s’impose aucune règle car, comment chacun sait, elles ne sont là que pour être contournées.