Figure de proue de la scène soul, le chanteur est passé par toutes les étapes de la descente aux enfers avant de se faire réapprécier du grand public.
On peut le voir chanter des dizaines de fois, la surprise reste la même. Au pire, elle est plus grande encore parce qu’on est, justement, encore surpris. Lee Fields, son jogging, son whisky, et cette voix. Ce gars-là transpire la soul, il nous colle une larme à chacun de ses morceaux qu’il n’interprète pas, non, ce serait tellement réducteur : qu’il vit, qu’il incarne, qu’il transcende.
Lee Fields, c’est la définition même de la soul. Né en Caroline du Nord, le jeune Lee apprend la musique à l’église. Le gospel, forcément. Plus tard, il s’encanaillera avec la musique d’Eddie Floyd ou du Godfather of Soul. Aujourd’hui, après une cinquantaine d’années de carrière, Lee Fields continue à se balader de scène en scène avec ce qu’il a dans le ventre et dans la tête, ses blessures, ses noeuds, ses questions, ses cicatrices.
Lee Fields, c’est gnôle, rue, problèmes et amours gâchées
On est loin du chanteur glamour, de la soul propre et du succès. Non, Lee Fields, c’est gnôle, rue, problèmes et amours gâchées. Le chant, ça n’est pas sa passion, son hobby, mais son remède. Un destin un peu à la Sharon Jones, jalonné de coups du sort, un travail (quand c’est possible) pour payer ses factures, et le chant en exutoire, malgré le prometteur surnom de « Little JB » dont il fut affublé dans les années 70.
Au final, paradoxalement, c’est sa collaboration avec Martin Solveig – et notamment « Jealousy« , tout beau en rose et blanc – qui (re?)lancera sa carrière. On peut toujours charrier, il en parle sereinement au micro de Nova : « Son projet m’a plu, nous nous sommes bien entendus artistiquement ».
Et puis alors ? Tant mieux pour tout le monde.
En 2009, Lee Fields sort le magnifique My World, qu’il était déjà venu défendre avec brio chez Nova. Il y a quelques jours, rebelote pour la sortie de « Faithful Man », dans la lignée de l’album précédent : soulissime, classe, poignant.
Son jogging, donc. Deux musiciens, un peu de Jack’Da « pour se chauffer la voix » et Lee Fields nous embarque, dès les premières notes.
Ecoutez cet homme. Allez le voir en concert.
Ca n’est pas ordre, mais pas loin. C’est pour le bien de tous.