Chaque jour, Radio Nova met un coup de projecteur sur un titre. Aujourd’hui : « 100lbs of Summer », de Lee Scratch Perry (oui, oui) et Greentea Peng.
Voilà la belle histoire d’un bel album posthume, né d’une dernière volonté. Celle de Lee “Scratch” Perry, savant fou du dub et du reggae, décrit comme un « génie » par Bob Marley, producteur et musicien jamaïcain mythique. C’est le fondateur de l’un des plus grands studios d’enregistrement, le Black Ark Studio, quartier général politique, temple spirituel et labo expérimental de la pratique du son. En 60 ans de carrière, Lee “Scratch” Perry a tout fait : chanteur, ingénieur du son, compositeur, shaman et producteur pour les Wailers, avec Bob Marley, puis Max Romeo, Peter Tosh, U Roy, les Viceroys, The Congos, King Tubby… La liste de ceux qui sont passés au Black Ark est vraiment longue.
Le grand-père du reggae et son ultime projet
À 80 ans, celui que l’on peut raisonnablement qualifier de grand-père du reggae s’associe avec le producteur Daniel Boyle pour une série d’albums. Back On The Controls en 2014, d’abord, puis The Black Album en 2018, enregistré entièrement en analogique (parce que « c’était mieux avant, fuck la révolution numérique » — propos non contractuels). Et puis est venu le temps de passer le flambeau, en bon grand-paternel, et de faire un album avec un tas de guests aux influences modernes.
C’est ainsi qu’est né l’album King Perry, lorsque le King était encore vivant, et a dit à Boyle vouloir « faire quelque chose de nouveau, quelque chose de différent, mais toujours avec un cadre dub ». Ainsi, armés d’influences foutraques, de la synthwave, big beat, drum & bass à l’électronica, Boyle et Perry ont échangé idées, rythmes et lyrics et allongé la liste des invité·es au projet. Final : un album kaléidoscopique, conçu et écrit pendant la pandémie (comme pour beaucoup d’artistes), qui sort sur le label allemand False Idols, associé à K7 Music.
Lee “Scratch” Perry n’a pas eu le temps de voir éclore son projet puisque ce géant de la musique s’en est allé le 29 août 2021 à Lucea, en Jamaïque. Radio Nova lui a rendu hommage, en racontant ce savant fou et ses histoires, comme cette fois où il est passé bénir nos consoles en studio à Paris avec de l’ail et du citron pour purifier notre atmosphère et appeler les bonnes ondes.
Reste cet ultime album, au titre plus à propos que jamais, comme un hommage. C’est en fait le deuxième album posthume de l’artiste, après « Destiny », sorti en septembre sous l’impulsion du Canadien Bob Riddim, dans lequel Perry partage le micro avec des chanteurs de la nouvelle génération reggae (Kabaka Pyramid, Evie Pukupoo, Xana Romeo…).
King Perry est attendu pour le 2 février 2024. Pour l’heure, le single de l’album, sorti il y a peu, est notre Nouvo Nova du jour. C’est un morceau guidé par le délicieux flow de Greentea Peng, cette londonienne qui a la recette d’une néo-soul qu’elle nommera « R’n’B psychédélique », abreuvée de dub, de funk et de hip-hop.
Sur cet album on retrouve donc le duo, et des invité‧es varié‧es : Greentea Peng, Shaun Ryder, Tricky, Marta, Rose Waite et Fifi Rong. Le morceau de clôture « Goodbye » était la dernière performance vocale jamais enregistrée de Perry. Tout prend sens. Deux morceaux ont également été coproduits avec Tricky, qui sort les dernières performances enregistrées de Perry sur son label False Idols.