Quatre mecs et une certaine perception de l’absurde au service d’une pop détente.
Le cool. Celui qui impressionne ceux qui ne le sont pas du tout, qui agacent ceux qui le sont presque, qui intrigue ceux qui n’auraient jamais même songé l’être un seul instant. Le cool, celui qui prend tout comme si ce n’était pas très important mais qui s’en sort quand même, ou qui s’appelle « loser » quand il n’y arrive pas. Le cool, c’est celui qui séduit, qui enchante, avec qui on a envie de se trouver sur les photos en soirées. Le cool, il fait tout bien mais sans vraiment le vouloir, et sa désinvolture bien pensée (pas toujours), peut-être un brin surjouée, fait de lui l’horizon vers lequel on se tourne de manière parfaitement spontanée. Tant mieux pour lui, le cool.
Mais alors quand ils sont plusieurs, les cools, là on est encore sur autre chose. Les branchés sont de sortie, ils sont sapés n’importe comment mais ça le fait quand même, n’en ont rien à faire de rien mais captent tous les regards. Ils sont Polycool tiens, comme le nom qu’a décidé de faire sien ce groupe qu’on vous a joué un temps sur Nova. Et qu’on a continué à jouer, tellement tout le monde trouvait ça cool d’entendre cette pop qu’on pourrait qualifier de psychédélique (école Connan Mockasin), mais qu’on pourrait qualifier autrement aussi (macdemarcienne par exemple, pour le côté branleur qui prend la vie à la légère, et qui, de fait, s’envole plus facilement).
Pour Polycool — quatre copains parisiens —, la musique, ça se fait sans prise de bec, mais avec un savoir-faire qu’ils ont bien dû apprendre quelque part, car tout ne vient pas, non plus, par la seule volonté du « je veux savoir faire ». Des thématiques complètement absurdes végètent çà et là, quelques accords aussi, et le tout a donné un album qui s’impose comme l’un des très très réussis de cette fin d’année 2019. En vrac, et attention, c’est très impressionnant. Les mecs vouent un culte au citron (comme Charlotte et papa Gainsbourg dans « Lemon inceste » ?), ont une fascination pour la femme-à-la-bûche de Lynch et de Twin Peaks, apprécient plus que d’ordinaire le dessin animé Hercule (la version de Disney avec le Pégase tout mignon, pas celle de Homère), sont accompagnés sur scène par des garçons cagoulés qui lancent des confettis dans le ciel, évoquent les truites bisexuelles comme d’autres évoqueraient, disons, la météo vraiment peu satisfaisante qui gagne actuellement la France. Ils aiment également Pink Floyd — et pas simplement « Another Brick in the the Wall » —, et préfèrent, c’est tout à leur honneur « plaire énormément à dix personnes plutôt que de plaire un peu à tout le monde ».
À leurs côtés, Alexis Fugain, contremaître du groupe Biche, également branché vers la pop détente, a aidé à mettre en forme les treize morceaux qu’on trouve sur Lemon Lord, l’album qu’on vous dévoile aujourd’hui en exclusivité. Il sonne comme une jolie balade, dans les bois ou autre part, et accompagne les petites rêveries que l’on mène pour ne pas trop penser aux gros tracas.
Où est le cool ? Définitivement, ici.
Deux dates là tout de suite : le 15 novembre en DJ set avec La Crampe et LeonxLeon à la boutique Bigwax et le 29 novembre en concert à Petit Bain.
Visuel © Hellena Burchard