Jeudi dernier, Lazy Flow était dans le Nova Club pour un DJ set bouillant. Il était accompagné de Milliard, un danseur « electro ». L’occasion pour nous de vous expliquer ce nouveau style !
Dancehall, baile funk, afro-trap, vogue : tout ce qui est bon pour faire danser, Lazy Flow l’ajoute à sa musique. Pour lui, la danse est une langue universelle, qui brouille les frontières — celles des continents comme celles du genre. Avec un tel mélange, à quoi ressemblent ses DJ sets ? Citons Beyoncé : « Big wave in the room/ the crowd gon’ move/ BIG ENERGY« .
L’énergie, le maître mot de Lazy Flow. Son dernier EP s’appelle Paris Bouillon Club : son dancefloor est un mélange bouillant. Un nom qui fait aussi hommage à LA CREOLE, les soirées où Lazy Flow était DJ résident durant cinq ans.
Son dernier titre s’intitule « Electro vs Vogue », un pont entre le voguing — un style de danse hérité de la communauté queer qu’il connaît bien — et l’electro, une danse qui prend de l’importance dans les soirées parisiennes.
Lazy Flow était justement venu accompagné de Milliard, un danseur electro, lors du Nova Club de jeudi dernier. Celui-ci nous a démontré en live l’énergie de l’electro.
Milliard a justement eu l’occasion de nous expliquer l’histoire de ce genre. Originaire de France — suffisamment rare pour être remarqué — l’electro est né de façon spontanée dans les clubs, par le mélange (le bouillon !) de plusieurs styles. On se souvient tous de la tecktonik ; une soirée commerciale qui a surfé sur l’electro et l’a fait découvrir à un plus large public — au détriment de la qualité et de l’image. La communauté electro a pourtant continué à se développer en underground, loin des projecteurs de la tecktonik, pour donner ce style qui prend aujourd’hui de plus en plus d’ampleur.
Une trajectoire qui rappelle celle du voguing, que Lazy Flow affectionne particulièrement. Un genre de danse crée par les communautés queers noir-américaines, dont la popularité est aujourd’hui immense. Un genre de danse, mais un genre de musique aussi, dérivé de la house mais avec ses propres codes.
Un des morceaux que beaucoup connaissent, et qui a braqué les projecteurs sur le mouvement, est le fameux « Vogue » de Madonna. Dans celui-ci, elle répète l’injonction à « strike a pose » c’est-à-dire à s’immobiliser en prenant une pose de mannequin de mode. Un style représentatif du voguing « old way », et aujourd’hui toujours pratiqué dans la marche « runway » (défilé).
Un des morceaux les plus importants du style plus contemporain que l’on appelle le « vogue fem » est « The Ha Dance » de Masters At Work, et son crash si caractéristique (si bien qu’on le surnomme aujourd’hui le « Ha crash »), qui tombe sur le quatrième temps, un signal pour les vogueurs de « dip », c’est-à-dire plonger au sol une jambe repliée.
On a aussi « Cunty », de Kevin Aviance, et son appel à être cunty, une expression péjorative à la base, mais réappropriée par les drags comme expression d’une féminité flamboyante.
Le style ballroom a été influencé par des producteurs de légende, comme MikeQ, qui, en apportant ses influences jersey club, a touché nombre important de DJs extérieurs à cette culture. On peut l’entendre sur « Feels Like », en featuring avec Kevin Jz Prodigy — autre grand nom — et son style de rap bouillant emblématique.
Après Madonna, plusieurs autres artistes sont allés du côté du voguing pour y trouver l’inspiration. Dernier gros nom en date, Beyoncé, dont le précédent album, Renaissance, était un grand hommage à cette culture. Le morceau « PURE/HONEY », en particulier, sample de nombreux morceaux, dont certains que l’on vient d’évoquer. Son interprétation en live est d’ailleurs l’occasion pour des vogueurs de se lâcher sur scène.
Le voguing n’est cependant pas le seul style de danse issu de la communauté LGBT+. Le whacking, par exemple, vient des hommes noirs homosexuels et se danse sur du disco. Plus d’explications avec Mounia Nassangar, une des queens du genre.