La musicienne vient de sortir son premier album, « Crave ». Elle en discute avec David Blot dans le Nova Club.
Après avoir accompagné sur scène Yuksek à la batterie, mais aussi Scratch Massive ou encore le chanteur Raphael au piano, Léonie Pernet sortait il y a quatre ans son premier EP sur le label Kill the DJ, Two of us. Elle était avec nous ce 9 octobre dans le Nova Club à l’occasion de la sortie de son premier album, Crave, signé chez InFiné.
Ça veut dire quoi « Crave » ?
Léonie Pernet : C’est le manque. Plein de gens disent que c’est l’envie mais ce n’est pas l’envie, c’est le manque, l’addiction.
Il y a eu pas mal de temps entre ton premier passage ici, au Nova Club, et ton premier album. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Léonie Pernet : J’ai pris mon temps effectivement. Je passe mon temps à devoir me justifier sur cette durée… Le titre de Flavien Berger, « Deadline », m’a fait beaucoup rire ! Je suis un peu à court de périphrases et d’explications, je n’ai pas trop de réponse, peut-être que j’étais moins sérieuse avant. Il y a eu des périodes où je ne travaillais pas assez, d’autres où je travaillais beaucoup. J’avais 24 ans, l’impression d’avoir travaillé, aujourd’hui je me rends compte que ça n’est pas tout à fait ça travailler…
Tu dis « j’avais 24 ans »… Quel âge tu as aujourd’hui ?
Léonie Pernet : Ah non ! Je n’ai plus l’âge où c’est encore un argument de vente. Tu sais quand tu es une fille, après 27 ans si tu fais de la musique tu peux arrêter de dire ton âge ! (elle rit)
J’ai eu des périodes de creux, des périodes où je me la collais trop, où j’étais amoureuse et ça me prenait tout mon temps… Et à un moment on m’a botté le cul. Mais ça avait un effet assez limité sur moi, ce qui fonctionne c’est quand toi-même tu te ressaisis.
Mais sur un album que tu travailles depuis autant de temps, est-ce que tu n’évolues pas trop ?
Léonie Pernet : Dans le fond, et musicalement, je n’ai pas changé. J’ai appris, je me suis améliorée techniquement, je suis plus tatillonne sur l’arrangement, la production. Je sais mieux travailler et faire un morceau. Mais sur le fond de ce que j’ai à dire, je ne pense pas avoir changé. Il y a des morceaux que j’ai commencé il y a cinq ans, et que j’ai terminé deux ans après.
Remontons un peu le temps. Tu es percussionniste de formation, c’était quoi ton premier instrument ?
Léonie Pernet : La batterie, que j’ai appris dans une école de musique à Vertus, dans la Marne. J’ai passé deux ans à ne faire que de la caisse claire, et puis je suis partie au Conservatoire de Reims en percussions classiques, marimba, vibraphone etc. Je faisais aussi beaucoup de piano en parallèle.
Est-ce que ça veut dire que sur cet album, la majeure partie des instruments que l’on entend ça vient de toi ?
Léonie Pernet : Oui absolument. J’ai tout joué, sauf sur un morceau en arabe où Anna Wassim joue du riqq, un tambourin oriental. C’est pour ça aussi que c’était long, parce que c’est moi qui l’ai fait.
Oui, instrument par instrument, piste par piste… Tu dis que tu as refusé de producteurs, que tu as travaillé avec pas mal de gens et refusé de le faire seule, sauf pour le mixage de fin avec Stéphane Briat aka « Alf » ?
Léonie Pernet : Oui j’adore Stéphane, j’adore plein de gens. Ce n’est pas que j’ai refusé c’est qu’on a fait des essais car je n’arrivais plus à avancer, on était bloqués. On est allés voir des producteurs, un peu essoufflés, et en fait ça dénaturait mon travail. Donc j’ai appelé mon copain Clément Daquin, aka ALB, et il m’a conseillé de finir toute seule, avec les petits défauts que ça implique. J’ai tout repris en main, jusqu’à confier le mixage à Alf, qui a vraiment fait un super taf, j’adore le son de l’album.
Tu en es heureuse de ce disque à l’arrivée ?
Léonie Pernet : Oui. Si j’ai pris ce temps, c’est parce que je voulais aller au bout des choses.
Est-ce que tu es allé le voir en magasin ?
Léonie Pernet : Non ça ne m’est même pas venu à l’idée. Par contre je suis allée sur des sites de téléchargement, c’est le premier truc que j’ai fait et j’étais émue !
Tu as écouté du métal et Marylin Manson quand tu as fait ce disque, de la new wave, de la cold wave, un peu de techno, de la musique orientale et du Bach…
Léonie Pernet : …et j’ai découvert le rap français une fois l’album terminé, ça a été une épiphanie autotune.
Visuel (c) Facebook Léonie Pernet