Souvenez-vous … 2011. Fukushima, les printemps arabes, la France en finale du Mondial de rugby, Strauss-Kahn en prison et Amy Winehouse à la morgue. Mais surtout, à Bordeaux, un ferry qui ouvrait sa cale aux mélomanes et aux noctambules, pour des concerts, des DJ-sets, des soirées de toutes sortes : l’IBoat.
Dix ans (DIX ANS !) sont passés, riches d’heureux souvenirs, de moments inoubliables, de rendez-vous précieux et de musique – que dis-je ? – de musiques, dont le pluriel sait ne pas gommer la singularité. On en a souvent parlé ici-même, et à l’antenne, d’années en années, au fil de leur programmation impeccables et de leurs actions généreuses. Aussi, comment ne pas joindre notre souffle à celui des moussaillons affairé.e.s à éteindre la dizaine de bougies sur ce gâteau des plus appétissants ? Ou sur les toms d’une batterie, également, pourquoi pas ?
Vendredi, c’est le DJ germano-chilien Ricardo Villalobos qui étrennera les festivités, derrière les platines. Un fêtard, un érudit, un désinvolte, passionné, remuant et énigmatique à la fois, hors de tout plan promo préparé comme un mauvais coup. « Il est tellement à fond dans la musique qu’il peut te dire de quelle couleur est le macaron du Dance Mania 177 », dit de lui son confrère Jef K, qui l’a accueilli au Paco Tyson 2018. Un extravagant, capable de se saborder (ça arrive) comme de se propulser à des hauteurs inaccessibles (très souvent), mélangeant la sueur et le savoir, les bombes club et les trouvailles obscures, la house music et les polyphonies ouest-africaines, la synthpop minimaliste et les transes indiennes, dans des mixes qui affoleront tout autant les dancefloors que les comptoirs.
Autre ambianceur appelé à oeuvrer lors de cet anniversaire : le Lyonnais Bruno Hovart, alias Voilaaa, . Et si ça s’écrit avec un triple A, mon petit doigt me dit que ça n’a rien d’un hasard : on y retrouve l’excitation et le nec-plus-ultra d’appréciation. Belle dénotation, noteront les sémiologues ; les autres pourront apprécier également l’exubérance et le sens du groove plus contagieux qu’un énième variant de Voilaaaa, aussi à son aise bardé de ses instruments live qu’en configuration soundsystem, celle sous laquelle il se pointera ici.
Voilaaa qui essuiera les plâtres et les platines avant le venue, dans sa foulée, de l’Anglais Jay Donaldson, aka Palms Trax. Un digger averti né à Bristol, grand écumeur des clubs londoniens (après un court stage chez le disquaire Phonica Records : voilà pour le profil LinkedIn), mais qui puise une large part de son inspiration du côté des Grands Lacs américains ; Détroit et sa techno, Chicago et sa house, ramenées, réassemblées à sa sauce tourneboulante, qui a fait de lui l’un des fers de lance next gen du label Dekmantel – référence de la sphère électronique.
Après ces deux soirées où la connexion entre les jambes, les oreilles et le coeur aura été des plus fluides, il sera ensuite temps de se poser, au calme, afin de terminer le weekend sur une note sympathique. Dimanche, entrée gratuite, le brunch qui étale ses tartines, huîtres, pizzas et bloody marys, quelques stands où chiner du bel objet rétro, et un bal disco, aussi, pour celleux, les insatiables, qui n’auraient pas tout à fait eu leur content de musiques.
Le tout juste à côté de ce cher bateau beau comme un sou neuf, peinture tout juste sèche, prêt à nous accueillir dans sa cale, à sa terrasse ou dans ses dépendances (Blonde Venus) pendant au moins dix ans de plus, on l’espère !
Et, dernière chose : si vous voulez être invité.e à cet anniversaire, pouvoir affirmer fièrement (mais sans avoir l’air d’y toucher) que « vous y étiez », RENDEZ-VOUS PAR LÀ-BAS, à toute heure de la journée jusqu’au verdict du Hasard souverain, sagement muni du mot de passe Nova Aime.
Les 10 ans de l’IBoat, du vendredi 1er au dimanche 3 octobre @ IBoat (Bordeaux).