Pour son anniversaire, le label de Cologne s’essaie à la musique de chambre. Retour sur son histoire
Kompakt, le principal label de musique électronique allemand fête ses 20 ans. Pour l’occasion, Michael Mayer (photo) et Wolfgang Voigt, les fondateurs de cette maison mythique ont décidé de sortir un double CD commémoratif 20 Jahre Kompakt Kollektion 1 qui regroupe les principaux djs et producteurs du label – sorti le 18 mars dernier.
Ils ont également donné carte blanche au compositeur Gregor Schwellenbach pour transformer leurs plus grands succès… en musique de chambre. Gregor Schwellenbach Spielt 20 Jahre Kompakt (=Gregor Schwellenbach joue 20 ans de Kompakt) sortira le 27 mai 2013, sur Kompakt (ben oui).
Ecoutez cette libre reprise du mythique “Happiness” de Superpitcher :
Happiness Transkription (Kompakt 103) by Gregor Schwellenbach
L’original :
Pour les non initiés, Kompakt c’est LE label électro de Cologne (Allemagne), l’équivalent musical de la Porsche 4S ou de je ne sais quel Volkswagen de renom, une fierté nationale quoi.
Cette perle rare de l’underground ouest-allemand crée, promeut, agite et perturbe tout à la fois la techno minimale depuis qu’elle a émergé en Europe dans les années 90.
Symbole de ces PME qui réussissent outre-rhin, le label n’emploie que 16 personnes mais cartonne bien au-delà des frontières de la teutonne patrie. L’esprit « agis localement, mais pense globalement » y règne ainsi en maître.
A l’origine Kompakt était un petit magasin de disques spécialisé dans la techno. Fondé à Cologne en 1993 par les frères Voigt (Reinhardt & Wolfgang), Jörg Burger et Jürgen Paape, le shop s’appelait alors le Delirium. Bientôt rejointe par Michael Mayer (qui fut de son propre aveu, le premier client du magasin) et Tobias Thomas, la fine équipe se constitue en label indépendant en 1998.
A cette époque, Kompakt est une entreprise composite et bigarrée, sorte de patchwork évolutif combinant des labels déjà existants, le shop, une entreprise de distribution et une société dévolue à l’évènementiel.
Epuré, rationnel, mathématique presque, “Timecode” de Justus Köhncke.
Au début des années 2000, les Colonais surfent sur le succès naissant. Plus profonde et “mentale” que la dance britannique ou l’italo disco, plus sombre, froide et distante que la musica caliente plebiscitée par les Barcelonais et les Ibicencos de passage, plus underground enfin que la soulful house des clubs-salons parisiens, la minimale allemande se fait progressivement une place au soleil alors que la guerre des dancefloors fait rage en Europe.
Mi-ckey, mi-potache, “Ofterschwang” de Jurgen Paape fait toujours son petit effet en soirée !
M. Mayer, Superpitcher et R. Voigt, hérauts casqués de ce raz-de-marée minimaliste engagent la guerre-éclair avec la série des EP Speicher (78 sont sortis à ce jour). “Speicher 2” (Mayer) et “Speicher 7” (Mayer & Voigt) révèlent notamment la complexité de ces sonorités continentales : systématique, répétitive et lancinante, la minimale allemande n’en est pas moins évolutive, adaptative.
Un beat dance en 4/4 pour la stature et de grosses basses sans nuances pour les montées : purs moments d’extase au milieu d’un océan de torpeur artificiel. Cette « musique de drogués » comme l’appellent les anciens – thanks Mum ! – reposent sur un triptyque musical et émotif bien rôdé : base solide, montée expectative et explosion maîtrisée.
Michael Mayer en dj set à la Boiler Room : 1 heure de pur plaisir
La structure s’enrichit également d’une maison de production et se met à ratisser large, attirant ça et là la crème du djing mondial. Français (Jonas Bering), Suédois (The Field), Brésilien (Gui Boratto), Chilien (Matias Aguayo), Japonais (Kaito), Islandais (GusGus) et Britanniques (Rex the Dog, The Orb) viennent ainsi agrémenter un paysage électronique allemand en pleine mutation – mais déjà bien développé grâce à Jörg Burger aka The Modernist, Justus Köhncke, Sacha Funke ou l’énigmatique Dj Koze (entre autres).
Influences extérieures et hybridations nationales donnent désormais le tempo du label : le temps de quelques lives et dj sets, Michael Mayer et Superpitcher s’unissent pour former Supermayer – équivalent technophile de Gotrunk (union de Sangohan et de Trunk dans Dragon Ball Z). Les clubbeurs européens se rappellent notamment de l’énorme Two of Us.
Les impatients baseront l’intro et écouteront directement la montée à 2min30 :
La tracklist de Gregor Schwellenbach Spielt 20 Jahre Kompakt (27 mai 2013) :
01. Jürgen Paape’s Triumph
02. Justus Köhncke’s Was Ist Musik (feat. Infansonido)
03. Closer Musik’s Maria
04. Gui Boratto’s No Turning Back
05. Ulf Lohmann’s Because (feat. D. Oberlinger)
06. Kaito’s Everlasting
07. Voigt & Voigt’s Vision 3
08. Closer Musik’s Departures
09. Closer Musik’s One, Two, Three (No Gravity)
10. Voigt & Voigt’s Gong Audio (feat. Kyai Sangu)
11. Triola’s AG Penthouse (feat. Jane Berthe)
12. Mayer/Voigt’s Unter Null
13. Supermayer’s Two Of Us (feat. Kiss Quartet)
14. Jürgen Paape’s Ofterschwang (feat. Das Blasorchester der Musikschule Frechen)
15. Jonas Bering’s Melanie (feat. Jane Berthe)
16. Saschienne’s La Somme
17. Michael Mayer’s Speaker (feat. D. Oberlinger)
18. Oxia’s Domino (feat. Infansonido)
19. Studio 1′s Grün 4
20. Superpitcher’s Tomorrow (feat. Christian Buck)