De Pongo à Moussa, de Wiley à Rachid Taha, de Lizzo à James Blake…
Alors que l’année touche à sa fin, revenons sur la musique qui a marqué notre antenne ces douze derniers mois.
Une année de retours inattendus (The Specials, Gang Starr…), de tubes infatigables (« Juicy »), de promesses tenues et de folles découvertes. On aura dansé sur l’afrobeats de Burna Boy, sur le kuduro de Pongo, sur la house de Peggy Gou. On aura secoué la tête sur le rap funky d’YBN Cordae, ou bien sûr celui, plus sensuel, de Lala &ce. On aura été ému par Celeste, par James Blake, par Sudan Archives. On aura accueilli sur nos ondes les invasions de la pop québécoise, du hip-hop suisse, du groove turco-néerlandais, de l’électro sud-africaine, de la soul australienne, entre autres. On aura vécu le retour en force du dancehall, l’immiscement des guitares dans les musiques urbaines, la contestation en musique face aux troubles politiques qui déchirent le monde. On aura dit au revoir à des amis de toujours. On aura enfin, célébré le grand métissage musical, celui qui nous anime tous les jours et depuis toujours, celui que l’on défend au détriment des frontières, des genres et des tendances.
Voici donc, sans ordre de préférence mais dans le souci du plaisir d’écoute, les 30 meilleurs morceaux de 2019 selon la programmation de Radio Nova.
Wiley, « Boasty » (ft. Stefflon Don, Shaggy, Idris Elba)
Pas de soirée cette année sans entendre au moins une fois ce banger au casting quatre étoiles : Wiley, Shaggy, Stefflon Don et… Idris Elba, soit la coalition anglo-jamaïcaine soudée par le lien du dancehall. Inépuisable.
Y La Bamba, « Gabriel »
Si on devait décerner une palme, ce serait à la folk envoûtante et hispanophone d’Y La Bamba, cette Américaine qui aura traversé la frontière pour retrouver ses racines mexicaines.
Moussa, « Double Vue »
On aura chanté des « toulouloulou » en chœur avec ce mystérieux Nantais à la mélancolie ultra-moderne. L’un des beaux espoirs hexagonaux de l’année à venir.
Lizzo, « Juice »
En début d’année, on prédisait son succès ; aujourd’hui, la voici au sommet des charts. La Texane et sa funk body-positive nous ont servi le jus le plus frais de l’année.
The Specials, « 10 Commandments »
Les légendes du ska fêtaient leurs 40 ans d’existence avec Vote For Me, nouvel album aussi militant qu’essentiel marqué par l’Angleterre du Brexit. On y trouvait notamment ces dix commandements du féminisme dictés par l’activiste Saffiyah Khan.
YBN Cordae ft. Chance, The Rapper, « Bad Idea »
Étoile montante de l’East Coast, YBN Cordae signait avec The Lost Boy le meilleur album de rap U.S. de l’année, construisant des ponts entre trap, funk et gospel avec des aînés de marque tels Anderson .Paak, Pusha T ou ici, Chance The Rapper.
Pongo, « Chora »
La princesse du kuduro aura secoué notre été avec ce concentré d’énergie pop made in Lisbonne. La sono mondiale d’aujourd’hui, à retrouver d’ailleurs sur notre coffret Nova autour du monde.
Varnish La Piscine & Bonnie Banane, « LRQT.. (By Gabrielle) »
Pilier de la scène rap genevoise, Varnish balançait en début d’année ses prods funky sous influence pharrellienne sur un album-concept aux allures de film noir : La femme au regard qui tue, véritable OVNI foutraque et sacrément groovy.
James Blake, « I’ll Come Too »
Sublime, magnifique déclaration d’amour d’un artiste au sommet, sur son quatrième album Assume Form, qui vient parachever une décennie irréprochable pour le Londonien.
Trans Kabar, « O Linndé »
Mené par le neveu de Danyèl Waro, le quatuor parisien électrifie le maloya sur ce chant rituel des servis kabaré, les cérémonies des esclaves réunionnais. Un grand feu de joie.
Little Simz, « Selfish » (ft. Cleo Sol)
Petite Simz est devenue grande sur son troisième album Grey Area, un disque militant, funky et parfois brutalement introspectif — comme sur cet auto-portrait mélancolique, sans fard, sans complaisance.
Rachid Taha, « Je Suis Africain »
En nous quittant, Rachid nous aura laissé un beau disque-testament, mené par cet hymne fédérateur à la gloire de ses racines.
Peggy Gou, « Starry Night »
La productrice et DJ sud-coréenne est devenue icône internationale — entre-temps, elle aura mis des paillettes dans nos nuits avec sa piano-house rafraîchissante.
Freddie Gibbs & Madlib, « Crime Pays »
Un sample soulful + un flow incisif = un duo gagnant. Freddie Gibbs reste l’un des meilleurs rappeurs actuels, et Madlib reste la définition de la classe.
Sault, « Smile and Go »
Mais qui se cache derrière Sault, énigmatique trio anglais auteur de non pas un, mais deux des meilleurs albums de l’année ? Si vous aimez autant ESG que Khruangbin, autant Hall & Oates que Solange, alors Sault est fait pour vous : on écoute en boucle leur fusion de post-punk et de soul à l’élégance sale.
Muzi, « Good Vibes Only »
Que des bonnes vibes sur le troisième album de Muzi, le petit prodige sud-africain qui n’en finit plus de monter, et qu’on a pu entendre cette année aux côtés d’Africa Express.
Voyou, « Les Trois Loubards »
Un voyou contre trois loubards : sur son premier album solo, Thibaud Vanhooland évoquait la gouaille d’un Renaud moderne, les cuivres en plus.
Celeste, « Father’s Son »
Entre Celeste, Arlo Parks et Joy Crookes, la relève de la soul anglaise est assurée. On est subjugué par la voix de cette première, et par ce titre endeuillé d’une tristesse absolue.
Fokn Bois, « Account Balance »
Inclassable, irrévérencieux, ce duo ghanéen bousculait les codes de l’afrobeats, le courant dominant de la pop ouest-africaine, à travers cette ode à l’indépendance financière.
Steve Lacy, « Playground »
On vous en parle depuis si longtemps qu’on oubliait qu’il n’avait pas encore sorti d’album solo avant cette année. Après ses collaborations avec Kendrick et Vampire Weekend, Steve Lacy avait besoin d’une pause récré.
Lala &ce, « Wet (Drippin’) »
Espoir français passé par l’école anglaise, la Lyonnaise détonne avec son rap lascif et lubrique. Et s’amuserait sans doute de voir nos auditeurs essayer de déchiffrer ses paroles.
Bakar, « Hell N Back »
Impossible de ne pas siffler toute la journée cette mélodie addictive du caméléon Bakar, capable de passer du rock énervé à la soul la plus tendre. Et on en profite pour adresser un salut amical à son pote Master Peace, autre révélation de l’année.
Burna Boy, « Anybody »
Héritier auto-proclamé de Fela, à qui il emprunte la prestance et l’ambition, le prince de la pop nigériane aura cette année conquis le monde.
Vagabon, « Water Me Down »
On a craqué pour l’électro-pop sensible de cette jeune camerounaise devenue new-yorkaise. Comme une fête subaquatique.
Mura Masa ft. Slowthai, « Deal Wiv It »
C’est le retour des guitares dans les musiques urbaines : la nouvelle décennie sera punk, et évidemment, Londres mène la voie en la personne de Mura Masa, l’un des producteurs les plus influents de sa génération, et de Slowthai, le sale gosse du rap UK.
Philippe Katerine, « Bonhommes »
Ce doux rêveur de Katerine rendait hommage à ses enfants, ceux qui dessinent des bonhommes pendant que le reste du monde s’écroule, sur son dixième album Confessions.
Sir Jean & The NMB Afrobeat Experience, « Little Death »
L’afrobeat vital de Sir Jean, figure emblématique de la scène groove lyonnaise, qui nous faisait revivre les soirées bouillantes de l’Afrique occidentale des années 70 sur ce morceau jouissif.
Sudan Archives, « Confessions »
Exit Katerine, mais le confessionnal est resté ouvert pour la violoniste californienne, qui rêvait du Soudan sur un premier album aux cordes hypnotisantes.
Les Louanges, « Pitou »
On se souviendra de 2019 comme l’année de l’invasion québécoise sur nos ondes. Entre Hubert Lenoir, Fouki et Les Louanges, la pop francophone outre-Atlantique mettait un sacré coup de groove à la nôtre.
Vegyn, « It’s nice to be alive »
Finissons sur une conclusion positive : c’est sympa d’être vivant. Des papillonnements synthétiques, des flottements de cordes sur des beats lo-fi… Ce producteur londonien est parvenu à insuffler de l’émotion dans une musique aux abords cérébraux mais aux vertus thérapeutiques.
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