Les artistes en ont marre qu’on emploie leur musique à des fins politiques.
Après Trump, c’est au tour de Jordan Bardella d’instrumentaliser les musiques d’artistes non consentants pour faire campagne. Après Calogero, le fils de Joe Dassin signe une tribune contre l’utilisation des musiques de son père par l’extrême droite.
« Je ne veux pas de mon single dans les meetings du RN ! »
C’est un peu ce qu’aurait pu dire Joe Dassin, et ce qu’il se dit peut-être où qu’il soit. En tout cas, son fils est révolté d’entendre les titres de son père dans des événements du RN et il a même signé une tribune adressée à la SACEM.
Imaginez que vous passiez une nuit entière à composer un titre, un titre qui condense les bonheurs nostalgiques de votre vie d’ado des années 1980, votre premier groupe avec votre frère, les cassettes VHS que vous rembobiniez avec des crayons, les stars de votre époque, les émissions qui tournaient sur la télé de la cuisine… Bref, vous mettez du cœur dans cette chanson et un beau jour, elle est diffusée à pleine balle dans un meeting du Rassemblement National.
C’est ce qui est arrivé à Calogero, avec son titre “1987” et il ne l’a pas très bien pris. Scandalisé, il dit refuser que sa musique soit utilisée par quelque parti que ce soit.
Ce n’est pas arrivé qu’à lui d’ailleurs. Le fils de Joe Dassin s’inquiète de voir apparaître les musiques de son père dans des événements RN, mais il n’est pas le seul à avoir été victime du parti d’extrême droite.
Quand Bardella se réapproprie le rap marseillais
Lorsque Jordan Bardella a organisé une soirée RN dans une boite de nuit, il est arrivé sous les caméras sur l’un des morceaux les plus fédérateurs de la nouvelle génération, « Bande Organisée ».
Clou du spectacle, Jordan s’approprie même le mantra de Jul en écrivant sur ses lunettes de soleil “Le J c’est le S” tranquillement, le J pour Jul et le S pour le sang, la famille. On ne se sait toujours pas comment Jul a réagi.
C’est contre cet impensé que le fils de Joe Dassin s’élève dans le Huffington Post en écrivant que « les artistes (sont des) porte-voix non consentants des partis politiques ». « Être associé à un discours politique doit être un acte éclairé, transparent et surtout, consenti » ajoute-t-il.
L’artiste a toujours, légalement, son mot à dire
En réalité, Jul n’a, semblerait-il, pas son mot à dire. De fait, les partis politiques en France sont des associations selon la loi de 1901. Il suffit donc, en principe, qu’ils fassent une simple déclaration à la SACEM et mettent un petit billet de cotisation forfaitaire pour obtenir le droit de diffuser les morceaux de leur choix.
Pourtant, ce n’est pas la SACEM qui donne l’accord pour qu’une musique soit utilisée dans des films, séries, ou publicités. Les droits d’auteur incluent un droit moral, perpétuel et inaliénable. Il faut donc aussi demander la permission de l’artiste ou de ses ayants droit pour diffuser un morceau.
Un usage de ces œuvres qui les détourne de leur sens premier
L’artiste américain Shepard Fairey, connu sous le blaze d’Obey, a, lui aussi, récemment fustigé Jordan Bardella pour avoir affiché une reproduction de sa fresque, une Marianne entourée des mots « Liberté, égalité, fraternité » derrière deux de ses vidéos de campagne. « Cette image, elle a été faite après les attentats du Bataclan. C’était un geste de soutien et de compassion » a-t-il déclaré. Mais il n’a aucun recours légal et il l’admet, « J’ai fait cette image, je l’ai rendue gratuite pour tout le monde ».
Outre-Atlantique, Donald Trump avait déjà déclenché les mêmes indignations. Il s’est ainsi mis à dos Neil Young, Adèle, R.E.M., Rihanna ou encore Elton John.
Pas que les artistes musicaux : Obey vs Bardella
L’artiste américain Shepard Fairey connu sous le blaze de Obey a, lui aussi, récemment fustigé Jordan Bardella pour avoir affiché une reproduction de sa fresque, une Marianne entourée des mots « Liberté, Égalité, Fraternité » derrière deux de ses vidéos de campagne.
« Cette image, elle a été faite après les attentats du Bataclan, c’était un geste de soutien et de compassion » a-t-il déclaré. Mais il n’a aucun recours légal et il l’admet, « J’ai fait cette image, je l’ai rendue gratuite pour tout le monde ».