Chaque semaine, RKK nous livre le meilleur de ses soirées. Cette semaine c’est la Fiesta Latina !
Cet article est initialement paru dans le bookzine Muziq.
Pourquoi passerais-je tant de temps à jouer (si mal) de la musique, alors qu’il existe tant d’artistes pour en jouer si bien ? J’ai étudié 2 ans le piano, à mon premier concours (j’avais 10 ans), j’ai fini 2°, j’ai tout largué. D’où un postulat foireux de sale gosse paresseux, un raisonnement d’une mauvaise foi patente, mais qui après tout, tient le coup depuis un demi-siècle.
Dès l’adolescence et pendant des années, des décennies, j’ai fouiné, fureté, quadrillé les concerts, écumé les bacs à disques, et usé mes oreilles devant les transistors avec une sorte d’obsession : partager les musiques (ah ! Le partage, résidu d’une enfance crypto communiste !). Programmateur dans une MJC et plus tard de gros festivals, plume de journal (11 ans de Libé), monteur de tournées en Europe et au Brésil, auteur de docus TV, radioteur dès 77 (France Musique puis Radio 7, Nova depuis 92, et ça continue !). Ca fait pas loin de cinq décennies que ça dure. En un mot (inventé mais compréhensible de tous)… ConneXionneur !
Et puis, un beau jour de 90, je me suis lancé aux platines, à 41 ans, un âge où nombre de DJs raccrochent ou se reconvertissent. 1990, donc, époque charnière entre vinyle et CD. DJ, l’intitulé me paraissait pompeux, je préférais “ambianceur”, mais bon, DJ, on cerne bien.Rémy Kolpa Kopoul, ça imprime, DJ RKK, ça claque. Depuis, de mon mirador à géométrie variable, je pilote, je mate, j’imprime. Ca a commencé Brasil, mes amours de toujours, avec les ans qui passent, la galaxie s’est agrandie. Un voyage en seize stations, étalé sur 22 saisons, série en cours. Avec pour chaque spot, un renvoi à illustration sonore ou visuelle. Et, vous le constaterez, une accélération du temps…
Un principe de base : « je me fais plaisir et j’essaie d’être contagieux » et une règle intangible, surprendre ! Pour dancefloor, cabaret, pelouse pour sieste…
# 2 : Marathon mix de l’Eclipse – Fiesta Latina @ Sète – 1999
Première collaboration entre Nova et le festival Fiesta Latina (qui deviendra Fiest’A Sète). Le festival a lieu dans le cadre grandiose du Théâtre de la Mer, J’anime le direct pour Nova dans une paillote sur la corniche, La Voile Bleue. Pour ainsi dire apéro radio les pieds dans l’eau. Le dernier soir du festival, le 10 août 99, José Bel, le boss du festival, me propose un mix à La Voile Bleue. Or le lendemain à 13h, c’est la fameuse éclipse que toute la France va vivre. Sur le champ, on invente « le Marathon Mix de l’éclipse », douze heures non stop. Et une journée pour communiquer.
J’attaque à 1 heure du mat’, heureusement, j’ai des munitions (et un renfort, Thomas Arroyo, le fils de la patronne du lieu, alors DJ débutant), à 4 heures, c’est la fièvre house, à sept heures, le jour se lève entre reggae dub et ballades tziganes, quelques allumés dansent sur le sable, beaucoup somnolent sur les transats, je fais quatre fois le tour de la planète musique, les familles qui déboulent à 9 heures avec pelles et seaux sont ahuris. 13 heures, on a fait le tour de l’horloge. La plage s’assombrit, je lance ne dernier disque, « Café de Flore » tout juste sorti, grand coup de froid, tout le monde mate l’éclipse avec les lunettes de protection. On applaudit, la lune, le soleil… et les platineurs de force. Depuis, plus de marathon mix, mais chaque été, une soirée en corniche (maintenant à La Ola).
Doctor Rockit : « Café de Flore »