Découvrez la folk intimiste et envoûtante d’un Canadien à Paris.
Je l’ai rencontré il y a quelques années, au détour d’un concert à la Casa del popolo, refuge bien connu des Montréalais avides de bonne musique. David Simard c’est une voix grave qui vous saisit l’âme, une douce mélancolie, des textes bruts parlant d’une vie, la sienne. Sa musique ? Un envoûtement sans artifice, la création d’un puriste acharné aux compositions sans calcul ; les notes sont douces, l’ensemble parfois inégal charme et surprend comme sur un bon vieux vinyle…
Apprenant qu’il vit aujourd’hui à Paris, j’ai donc profité de l’occasion pour lui poser quelques questions, histoire d’en savoir un peu plus sur ce musicien qui ne court ni après l’argent, ni après la gloire. Retour sur sa jeune carrière et sur la construction de sa créativité dans la galère et la passion.
Originaire de l’ouest du Canada, de la province de Colombie-Britannique, il sait depuis l’âge de 13 ans qu’il veut être musicien. A 18 ans, il part sur les routes du pays pour jouer dans des bars, sa seule monnaie d’échange contre nourriture. Quelques mois plus tard, il choisit de s’établir à Montréal pour laisser libre cours à sa créativité. « Je voulais vivre dans la ville de Leonard Cohen et d’Arcade Fire« , résume-t-il. Cette décision aura été un tournant dans sa vie, car c’est à Montréal qu’il se sent le mieux. « Je croyais y rester six mois, j’y suis resté six ans. La ville déborde de musiciens jazz de hauts calibres, des musiciens libre-penseurs, ils sont incroyablement inspirants. »
C’est là qu’il rencontre des musiciens comme Steve Brockley et d’autres chanteurs folk de l’ouest canadien qui ont tous choisi comme lieu de pèlerinage musical cette ville de Montréal. Musicalement, David s’inspire des musiciens qui l’entourent : « J’aime voir mes pairs changer et évoluer. Je suis touché par ce qu’ils font, et moi-même, je change à leur contact« . Ses textes, en revanche, sont très personnels, et lui permettent de revenir sur les événements de son passé, qu’il se réapproprie au travers de la musique. « La plupart des gens essaient de fuir leur passé, mais pour moi c’est important de le célébrer tout en allant de l’avant. » Sa musique est en quelque sorte sa thérapie.
Une nouvelle étape
Cette année, il s’est lancé vers de nouvelles aventures avec une première tournée européenne au printemps, puis une seconde cet automne pour présenter son tout nouvel EP à découvrir ici. Pas de CD cette fois, seulement un vinyle, qu’on peut commander pour recevoir par la poste en janvier. « J’adore recevoir des paquets par la poste, je pense que c’est le cas pour tout le monde, surtout au mois de janvier ! »
Accompagné de ses musiciens, il a arpenté les salles de concerts de Suède, du Danemark, de Suisse, d’Allemagne, d’Italie et bien sûr de France. C’est finalement à Paris qu’il est maintenant installé, la faute aux Françaises, dira-t-il discrètement.
Quand je lui demande la différence entre Montréal et Paris, il me répond : » A Montréal la scène est là. Le milieu artistique est facile à trouver. Tu frappes à une porte et tu y découvres généralement quelque chose d’intéressant. A Paris c’est plus caché, il faut creuser un peu plus, mais c’est amusant. J’ai parfois l’impression d’être dans un jeu. Même marcher ici c’est presque un sport, il faut esquiver les passants, un peu comme une danse. «
Communiquer son héritage canadien aux autres
Pendant sa tournée européenne, il a reçu un écho extrêmement favorable qui lui a donné le goût de rester. Le public semble apprécier sa folk un peu à l’ancienne. « Certains viennent me voir après un concert pour me dire que ça leur rappelle une autre époque. » Un autre lui a dit que sa musique semblait provenir d’espaces ouverts. « C’est le plus beau compliment qu’on m’avait fait, explique-t-il. C’est vrai, au Canada, les horizons sont beaucoup plus vastes qu’ici. Il y a des endroits où j’aime me promener, où je suis certain de ne trouver personne à 10 km. C’est un sentiment incroyablement puissant. »
C’est donc pour partager son héritage canadien qu’il continue. Tout ce qu’il écrit porte sur qui il est, et comment l’est-il devenu, avec toujours l’envie irrépressible de le partager. « Je n’ai pas vraiment envie d’incorporer les influences européennes à ma musique. J’aimerais vivre la moitié du temps ici et l’autre au Canada, mais en partageant mon expérience canadienne avec les gens d’ici. Je veux dire… Je ne fais pas de pub pour le Canada, quoique, ça pourrait être intéressant, ils pourraient me payer ! « , plaisante-il.
David Simard donne un concertjeudi le 7 novembre à L’Alimentation Générale de Paris, et un autre vendredi le 22 novembre aux Voûtes. Je vous recommande fortement d’y assister, pour l’ambiance intimiste, pour une expérience authentique, et pour un son pur, comme il s’en fait de moins en moins aujourd’hui.