Le festival à la programmation rythmée et engagée, musicale et sociale, poétique et politique — et exclusivement féminine — est de retour pour sa 25ᵉ édition. À cette occasion, Radio Nova vous a préparé sa sélection.
Du 22 septembre au 3 décembre, entre Paris (Trabendo, Café de la Danse, Petit Bain, Point Éphémère, FGO Barbara) et sa banlieue (Ivry-Sur-Seine, Chelles, Brétigny-sur-Orge…), le festival des Femmes s’en mêlent, actif depuis l’année 1997, revient pour son édition 2022 pourvu d’une programmation exclusivement féminine.
Les femmes s’en mêlent… et s’engagent
Dans une industrie, celle du disque et du spectacle, où ce sont les hommes qui occupent le plus souvent le devant de la scène, favoriser les femmes n’a évidemment rien d’anodin. Aux Femmes s’en mêlent, c’est encore plus marquant cette année, puisque le festival s’accompagne en 2022 d’un nouveau dispositif : Les Femmes s’engagent. Le festival propose ainsi un florilège d’ateliers militants, musicaux et féministes, divisés en quatre catégories.
Adriana Rausseo, de l’association Les Femmes s’engagent, a pris le temps de nous les expliquer. Il s’agira cette année de “proposer des clés théoriques sur la situation d’inégalité dans la culture” (et surtout dans le domaine musical), d’aborder le sujet des violences sexistes et sexuelles (par des assemblées plénières et des ateliers de discussion plus horizontaux), d’“informer sur l’inclusion dans la lutte” (avec une optique intersectionnelle revendiquée, et enfin “aborder la musique et le domaine musical à travers un nouveau prisme, celui de l’artiste, qui se trouve parfois court-circuité par l’industrie musicale”.
La musique live et la discussion. Deux facettes complémentaires afin de soulever une réflexion et d’offrir des solutions (ou d’essayer d’en créer) face aux violences sexistes et sexuelles, auxquelles le domaine musical n’est pas hermétique.
Côté musique, lors des premiers jours du festival, on a pu apercevoir Claire Days (folk saturée et hybride), la création sonore de Christine Lidon Contrebande, le groupe Derya Yildirim & Grup Simsek que vous pourrez entendre ce week-end dans Néo Géo Nova ou encore Emily Wells, multi-instrumentiste qui fait la passerelle entre musique de chambre et pop. Une programmation riche en découvertes qui nous réserve encore de belles soirées…
Vous l’aurez compris, la sélection du festival nous a beaucoup plu… et il est encore temps d’aller découvrir le reste de leur programmation, on a sélectionné pour vous quelques temps forts :
Comagatte
L’Italienne, reine de la trap, à l’énergie et la personnalité explosive, s’illustrera sur la scène du Point Éphémère pour la soirée hip-hop le 24 novembre prochain. Une énergie qui allie aussi bien la trap, la house et l’électro pour accompagner des textes qui ne manquent pas d’allusions sexuelles. Comagatte, qui a grandi dans les Pouilles, prend pour exemple l’Amérique et ses stars qui emploient, elles aussi, de nombreuses références aux parties de jambes en l’air. La rappeuse qui vit maintenant à Milan, mouture italienne de Cardi B ou Nicki Minaj, ne manquera pas de faire bouger des têtes au Point Éphémère.
Clara 3000
Le son de Clara 3000 tire ses racines d’une multitude de paysages sonores réels, imaginaires, fantastiques. Elle reconstitue dans ses sets un univers qui mêle à la fois techno, expérimental et transe. Une Dj qui s’illustre également dans le monde de la mode en composant les bandes-son de grands défilés. C’est sur les podiums de Jacquemus et Balenciaga que la productrice versaillaise s’est récemment dévoilée. Le 25 novembre prochain, ce n’est pas sur les marches d’un défilé, mais au Trabendo que vous pourrez entendre Clara 3000, qui pour l’anecdote a débuté au sein du label Ed Banger.
Nayra
Vraie artisane du live qui donne la chair de poule, des frissons, des sets qui marquent les mémoires et des freestyles qui restent dans les oreilles, cette rappeuse de Saint-Denis passe avec élégance de l’afrotrap au R’n’B et du rap au chant. Sa singularité fait de Nayra une rappeuse libre. Libre des cases que lui impose le rap et libre de s’exprimer dans ses textes pleinement inspirés par sa culture hip-hop et sa culture arabo-berbère.
R’may
Pionnière de la scène rap féminine underground, R’May est de celles qui utilisent à bon escient les réseaux pour démarquer leur talent du lot. La rappeuse rouennaise émerge en 2018 avec un concours de freestyles sur Instagram avant d’être élue gagnante du tremplin Buzz Booster. Inspirée par des figures comme Diam’s et Viola Davis (grand écart), R’May décrit avec sensibilité la réalité d’être une femme. Touchante, sincère et pleine de talents, vous pourrez retrouver ses phases sur la scène du Point Éphémère le 24 novembre prochain.
Rencontre – Quelles idées pour une filière plus inclusive et égalitaire ? (En partenariat avec Fedelima)
Au Point Éphémère, le 24 novembre de 10h à 18h, le festival organise une journée pour réfléchir aux solutions que l’on peut mettre en place afin de questionner et de faire avancer le secteur de la musique vers une plus grande parité, égalité, et intersectionnalité. On va donc parler de programmation, de diffusion et distribution, d’accompagnement, et principalement (tous en cœur) d’inclusivité.
Anaïs Rosso
La musique de la compositrice et autrice Anaïs Rosso célèbre un joyeux mariage de genres et d’inspirations hétéroclites, lui permettant ainsi de questionner toute la complexité des multiples facettes de l’identité. Cet engagement est aussi présent dans ses textes. Pour pousser l’expérience musicale plus loin, avec une formation en théâtre des Cours Florent, elle est habitée par plusieurs personnages sur scène. Elle est la lauréate de WomenBeats, partenaire de ce festival. Grâce à ce prix, elle est en train de composer son premier EP, prévu pour 2023, dans lequel elle aborde des sujets à la fois personnels et universels, comme la mort, l’injustice et la famille. Elle sera au Café de la Danse à 20h le vendredi 26 novembre !
Chloé
Chloé est DJ, productrice et compositrice. Figure phare de la scène électronique, son parcours est riche : résidences dans l’établissement féministe et lesbien Pulp, compositions de musiques de films ou de spectacles, création de son label Lumière Noire… Sa musique est minimaliste, et fait en même temps preuve d’une grande cohérence malgré la diversité des styles convoqués dans ses sets. Alors oui, sa carrière est impressionnante et suffit à vous donner envie d’aller la voir, mais surtout, ses sets offrent une expérience unique à ne pas manquer. Elle sera de 21h à 5h au Trabendo le vendredi 25 novembre !
Liraz
La chanteuse Liraz Charhi est aussi actrice, autant éblouissante sur scène, qu’à l’écran ou dans son écriture. Elle combine des chants traditionnels perses, en farsi, rendant ainsi hommage à son héritage familial et culturel, tout en apportant une touche moderne à sa musique, avec des sonorités pop, hip-hop ou électro. La dimension contemporaine de sa musique participe à la nécessité pour l’artiste de revendiquer ses racines tout en luttant pour des causes politiques et sociales. Face à la situation actuelle iranienne et aux soulèvements qui ont lieu, la musique est un moyen pour l’artiste de lutter et d’appeler à de jours meilleurs. Le 7 octobre, elle a sorti son troisième album “Roya”, sur lequel elle chante avec des consœurs iraniennes à la suite d’un enregistrement clandestin, bravant ainsi la censure. Elle sera au Café de la Danse à 20h le samedi 26 novembre ! Son nom vous dit quelque chose ? Elle figurait parmi les albums immanquables d’octobre, et on se permet d’insister puisque qu’elle sera la semaine prochaine dans la Chambre Noire…
Si la programmation est en non-mixité ce n’est pas le cas pour le public. L’occasion pour vous aussi, messieurs, de venir assister à cet évènement, et d’apporter votre soutien en tant qu’auditeurs à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.