Une “industry plant”, c’est un artiste qui doit sa carrière au népotisme ou à ses relations dans l’industrie musicale plutôt qu’à ses propres mérites. Vous avez peut-être déjà des exemples en tête… Le problème, c’est que ça risque de ne concerner que des femmes. De Billie Eilish à Zaho de Sagazan, le mérite du succès de la gent féminine est constamment remis en question… Vous sentez cette petite odeur de misogynie dans l’air ?
Quel est le point commun entre les 2Be3 et les Arctic Monkeys ? Aucun, a priori, si ce n’est qu’ils ont marqué une génération avec leurs tubes, et qu’ils ont toujours été plus ou moins commerciaux. Sauf que parmi ces deux exemples, il y en a bien un qui pourrait rentrer définitivement dans la case “industry plant”.
Qu’est ce c’est vraiment, une « industry plant » ?
Pour citer Jolan Maffi, et son récent papier aux Inrockuptibles sur la question, une “industry plant”, c’est ce qu’on “dit d’un ou une artiste dont le succès musical s’expliquerait davantage par ses connexions et le soutien d’une industrie plutôt que par son talent.” Pas besoin de posséder des parts chez Sony Music pour savoir que les 2be3 – l’un des premiers boys bands à la française – doit son succès à une perf’ de breakdance dans les coulisses de l’émission Si on chantait sur TF1. Le trio est repéré direct par une major, EMI, et les mecs se retrouvent propulsés au top des charts quelques mois plus tard, ouvrant la voie à bien d’autres boys bands.
Est-ce que ça suffit pour qualifier les 2be3 de “industry plant” ? Par définition, oui. Tout comme les Beatles, David Bowie, et autres Rolling Stones qui ont bénéficié avant eux d’un gros coup de pouce des pontes de l’industrie musicale, à un moment clé de leurs carrières, pour finalement devenir les énormes stars que nous connaissons (et heureusement). Tout ça ne pose a priori pas de problème, si un coup de piston nous permet de proposer des talents comme ça… Sauf que depuis quelques années, le terme “industry plant” se focalise un peu trop sur les artistes féminines
Les femmes, ces privilégiées sans aucun mérite…
Elles sont autant de Zaho de Sagazan, Théodora, Doechii, Billie Eilish ou Miki, raillées et pointées du doigt sur les réseaux sociaux comme étant des artistes qui, après tout, doivent beaucoup plus à leur entourage qu’à leur talent. Au fil de son article, Jolan Maffi part de l’idée d’une méritocratie dans le milieu de la musique qui veut qu’on ne soit considéré comme un ou une véritable artiste après des années à en chier pour vivre de son art. Sans compter le fait que, lorsqu’on est une femme dans cette industrie, tout effort doit être multiplié par 10. Il n’y a qu’à lire le Féminismes et musiques de Morgane Giulian pour en avoir le cœur net.
Internet, et la nouvelle norme de la viralité
Mais l’ère du streaming est en train de tout faire basculer : aujourd’hui, un simple Tiny Desk suffit à révéler les têtes d’affiche de Rock en Seine 2025, comme la célébrissime Chapell Roan. Parfois, il ne faut qu’un seul petit tube autoproduit et autopublié pour tout faire péter sur TikTok, et propulser une Théodora sous le feu de projecteur, le tout en moins d’un an. Et des découvertes comme ça, il y en a des dizaines chaque année. Certains pourrait se demander s’il est légitime de sortir de l’ombre d’un coup, grâce à la magie de la viralité d’Internet. Dans ces cas-là, il n’y a qu’à revenir à nos Arctic Monkeys, qui ne seraient probablement pas grand-chose si MySpace n’existait pas.
Finalement, peut-être que la seule chose à faire avec nos “industry plants”, c’est de les laisser prendre le soleil, puisque au bout du compte elles vont vraiment nous rendre l’air plus respirable !