Il a tagué la statue de la Liberté, comptait parmi ses fans Kurt Cobain, les Sonic Youth, ou Beck : Daniel Johnston est l’un des artistes américains les plus fascinants. À l’occasion de la réédition de son album Artisitic Vice, Nova revient sur le parcours d’un homme qui n’a jamais cessé d’être un enfant.
Vous avez peut-être déjà vu sur un tee-shirt ce dessin d’une drôle de grenouille surmontée d’un « Hi, How Are You ?« . C’est l’un des innombrables et iconiques dessins de Daniel Johnston, véritable légende de la scène indie rock américaine des 80’s et 90’s. Cet artiste à la voix étrange et envoutante est auteur d’une œuvre résolument D.I.Y, imprégnée d’une âme adolescente chaleureuse, qui s’exprime à travers des dessins enfantins féériques ou des musiques bricolées à l’arrache.
Une pratique « Do It Yourself«
Daniel Johnston est né en 1961, dans la ville de Sacramento, en Virginie. À 15 ans, il réalise des films en Super, petites expériences artistiques naïves dans lesquelles il fait des imitations de sa mère et parle de « comics » de science-fiction. Il compose aussi ses premières chansons sur le piano familial, inspirées par sa référence ultime : les Beatles. Il enregistrait ses morceaux sur des cassettes qu’il distribuait un peu partout, des boîtes aux lettres des voisins jusqu’au McDonald’s où il travaillait à Austin (Texas). Il paraît que Johnston voulait impressionner une fille, une « crush » de collège, apparemment dénommée Laurie, qu’il cite dans une bonne partie de ses chansons… Malheureusement pour lui, elle aurait fini par se marier avec un autre.
Cutting Edge et MTV, le début d’une carrière
À mesure que Daniel Johnston partage ses cassettes un peu à qui en voulait (elles deviendront des objets de collections mythiques), l’éternel « kid » fait de plus en plus parler de lui. En 1985, il se fait repérer par les producteurs de l’émission Cutting Edge, diffusée sur MTV. La gigantesque chaîne musicale avait commandé ce projet à IRS, label de Miles Copeland, figure incontournable de la scène du rock indépendant aux États-Unis. Passer sur Cutting Edge, c’était un symbole de réussite pour tous les artistes inconnus. C’est ainsi qu’un jeune Daniel Johnston, 22 ans à peine, est filmé pour la première fois à la télévision. Cet événement fera décoller sa carrière.
Un artiste plombé par les maladies mentales
Daniel Johnston grave ses cassettes sur vinyles, collabore avec tout le gratin de l’indie rock (Lee Ranaldo des Sonic Youth, Jad Fair de Half Japanese…), et continue de sortir album sur album. En 1991, il a l’opportunité d’enregistrer son premier disque en studio. Dix ans après avoir signé Songs of Pain, son tout premier album, l’artiste américain publie Artistic Vice. Quelque temps après la sortie du disque, un certain Kurt Cobain est aperçu en train d’arborer le célèbre tee-shirt à la grenouille, dessin qui figure sur la couverture de l’album « Hi, How Are You ?« . Au même moment, Daniel Johnston retournait à l’hôpital psychiatrique, qu’il connaissait déjà bien. C’est entre ces murs blancs que l’artiste passera une grande partie des années 90, diagnostiqué maniaco-dépressif et schizophrène. Même interné, Johnston continuera à composer et à peindre.
À jamais culte
Des dizaines de disques (et d’années) plus tard, Daniel Johnston Jonhston s’éteint le 11 septembre 2019. Si Nova parle encore de Johnston aujourd’hui, c’est d’abord parce que c’est une figure culte. Sa date d’anniversaire, le 22 janvier, est devenue à Austin le « Hi, How Are You Day« , une journée de sensibilisation dédiée aux maladies mentales. Il se pourrait que David Bowie ait fait référence à lui dans sa chanson « Wood Jackson » (2002) : « Jackson made twenty tapes in a day/To give away« .
33 ans plus tard, une réédition et des inédits
Surtout, 33 ans après avoir été mis en boîte par Daniel Johnston et des amis à lui (réunis sous le nom de The Eye Band), Artistic Vice est réédité. Remastérisé par le producteur Kramer, ami et collaborateur de l’artiste, l’album est accompagné d’un deuxième LP complet d’extraits, de répétitions et de chansons inédites destinées à l’œuvre originale de 1991. Petit avant-goût de ces nouveautés : All Good Children Got To Die. Il semblerait que la réédition soit une exclusivité vinyle, ou peut-être que les morceaux nous seront offerts au compte-goutte, ce n’est pas très claire. À suivre sur le site du label Thirty Tigers…