Casting de rêve au Rex ce dimanche : Kerri Chandler, Jerome Sydenham, Joe Claussell et Dj Deep les 25 ans du club mythique
Cette année, le Rex fête ses 25 ans. Un quart de siècle que le club mythique du 5 bd Poissonnière fait danser les clubbers de la capitale et de passage. De nombreux évènements seront organisés tout au long de l’année.
4 soirées “revival” sont notamment prévues avec Laurent Garnier, qui anima tous les jeudis pendant dix ans les soirées WAKE UP. Rdv donc les 7 février, 7 mars, 4 avril et 9 mai pour voir le patron d’opéra (-Garnier… hmm, passons).
En attendant, c’est de la venue d’autres Grands patrons, tout aussi légendaires mais new-yorkais cette fois, qu’il importe de dire un mot… voire plus. Dimanche 3 février 2013, Kerri Chandler, Jerome Sydenham, Joe Claussell et Dj Deep se relaieront aux manettes du Rex pour animer la soirée Legends. Cette soirée ouvrira ainsi le bal des festivités de cette année-anniversaire avec 4 djs d’exception. Retour sur leurs parcours respectifs et leur influence globale sur la vie nocturne parisienne depuis une vingtaine d’années.
Kerri Chandler, le Papa
Ce DJ, producteur et remixeur américain de house et de garage est considéré outre-atlantique comme l’un des fondateurs de la deephouse new-yorkaise – un rôle de précurseur qu’il partage entre autres avec Larry Heard. Pour la petite histoire, Kerri Chandler est né dans le New Jersey, dans une famille de zikos invétérés : son grand-père était jazzman et son père dj. Il découvre ainsi dès son plus jeune âge la musique disco, le jazz, la soul, le garage (autre nom de la house new-yorkaise). A 13 ans, il commence à passer des disques au Rally Record Club à East Orange. Il y fait de multiples rencontres – grâce à son père notamment – et se dirige presque naturellement vers la production.
En 87, Kerri Chandler a 18 ans et commence à produire ses propres maxis. Super Lover / Get it Off, sa première prod’, est un vinyle à 2 faces – non, jure… – et à 2 visages. Mieux, il est à cheval sur 2 époques. Face A, la voix puissante et suave de Chavell Sims donne un cachet soul-funk relativement tradi à “Super Lover”. Face B en revanche, Kerri se fait plus avant-gardiste, plus electro-tuned avec “Get it Off” : gros kick, ligne de basses inédite, paroles syncopées. Une patte très personnelle que l’on retrouvera plus tard avec Atmosphere E.P, un maxi de deep house d’anthologie. Kerri Chandler y fait de plus en plus l’économie des paroles et magnifie le son, le “pur” son, tout droit sorti des machines et modules d’effets qu’il s’échine à fabriquer, assembler, subvertir… Il enfonce le clou en 92 avec l’EP “A Basement, A Redlight And A Feeling”.
Au tournant des années 95-96, la house envahit les clubs de la Grosse Pomme – à ce propos pourquoi appelle-t-on New York la Grosse Pomme ? La réponse épique et hippique ici. La house est désormais majoritaire, “mainstream” comme on dit là-bas. Les productions se multiplient à mesure que des petits nouveaux rejoignent le cercle élargi des initiés. Celles de Kerri Chandler aussi ; il talonne désormais les Masters At Work et Blaze en tête des charts house et commence à croiser la route du très prometteur Joe Claussell. Faire un état des lieux exhaustifs de la discographie de Kerri Chandler est une tâche des plus fastidieuses, renvoyons donc à Discogs pour les curieux, et notons par ailleurs qu’il dirige actuellement les labels Madhouse Records, Inc., Grei Matter et Max Trax.
Joe Claussell, le dj
Il est né à Brooklyn dans une famille portoricaine. Avant d’être producteur c’est un grand dj, un type qui n’a pas peur de manipuler à outrance les filtres de sa table de mixage et de transformer radicalement les morceaux qu’il joue. Il faut dire que ce live creator a une culture musicale unique. Depuis l’âge de 15 ans, il fréquente des clubs disco, punk, dance, pop, house et j’en passe – dont le mythique Paradise Garage qui a accueilli à peu près tout ce qu’il y avait d’audible à New York dans les années 70-80. Il a également fait ses armes à DanceTracks, un magasin légendaire de vinyles anciennement situé dans l’East Village (qui a fermé récemment).
Si au début des années 90, il reste très inspiré par la house Soulful – ce remix de Blaze en témoigne de manière exemplaire – il commence à produire des morceaux plus deep house vers 95-96, notamment sur l’éphémère “Spiritual Life Music”, son propre label. A cet époque il participe également à la création d’Ibadan Records (le label de Jerome Sydenham). Indépendant et éclectique, Mister Claussell prend pourtant son envol aux côtés de compères producteurs et djs. Côté production, il s’associe à Kerri Chandler pour faire l’inégalé Escravos de Jo ; côté djing, il mixe régulièrement à la fabuleuse soirée Body & Soul du Vinyl en compagnie de Danny Krivit et François Kevorkian.
Musicalement parlant, Joe Claussell apporte à la house une bonne touche d’exotisme : ses prods ont un côté organique assumé, des rythmes africains, des nappes instrumentales… bref de la house globalisée, de la world house. Plus d’infos par ici. A titre indicatif, il dirige désormais le label Sacred Rythm Music.
Jerome Sydenham, le mélangeur Afro-Tech-House
Il est né d’un père anglais et d’une mère jamaïcaine. Elevé à Ibadan au Nigéria, il va à l’école en Angleterre puis s’installe à New-York au début des années 80 où il deviendra entre autres DJ résident au Nell’s (célèbre club new-yorkais). En 1996, il crée Ibadan Records, un label clairement ancré dans la veine deep house. Rapidement, cela dit, il diverge vers la tech-house pure souche, comme en témoigne ses prods actuelles (à écouter sur Soundcloud).
Sorti en 2001 sur Ibadan, son album Saturday réalisé avec Kerri Chandler connaît alors un certain retentissement. Mais c’est surtout avec Sandcastles (réalisé avec Dennis Ferrer) qu’il rencontre la notoriété internationale : nominé 3 fois aux House Music Awards.
Plus d’infos sur sa vie, son œuvre… par ici.
Dj Deep, le Frenchy de la bande
Un alias des plus incisifs pour un vrai nom à rallonge, Cyril Étienne des Rosaies aka Dj Deep, est l’un des membres les plus influents de la scène house française. Rien de très étonnant à cette suprématie quand on sait que le bonhomme a commencé à astiquer les platines dès l’âge de 12 ans, à une époque où la house était encore très underground (et underrepresented). Le Deep minot trouve alors en Laurent Garnier un initiateur, un parrain et un protecteur. Il le rencontre vers 1988-1989 et profite de ses relations pour jouer au mythiques soirées Zoo du tout aussi mythique Palace
Il officiera par la suite sur Radio FG (12h-14h) avant de rejoindre opportunément Radio Nova – il a bon goût, non ? Dj Deep devient alors une figure notoire de la scène parisienne et met en place avec des amis du Label « What’s Up » la compilation « What’s Up Mix-It », qui réunit pour la première fois des artistes comme Dimitri From Paris, DJ Cam, Saint-Germain, Gilb’r, et un morceau produit par DJ Deep, « Sweet Summer Vibe ». On le retrouve ensuite en 1995 pour le Warm Up des soirées Wake Up, lancées par Laurent Garnier au Rex. En 1997, il lance les soirées Legends – dont la soirée de dimanche est un “revival” prometteur. Plus d’infos sur son parcours protéiforme ici.
Et en exclusivité une interview sur le site du Rex qui explique le pourquoi du comment de cette soirée légendaire.