De Kanye West à Daft Punk, Joseph Mount nous raconte les morceaux qui, inconsciemment ou consciemment, ont fait de quelques bribes d’idées un chef-d’œuvre intemporel.
Nous fêtons aujourd’hui l’un des meilleurs albums pop des dix dernières années. Conçu à Bristol par un chanteur, compositeur et musicien qui allait devenir une référence de la scène indie pop britannique et internationale, Joseph Mount est à l’origine de ces morceaux que vous fredonnez en ce moment même puisqu’il s’agit de “The Bay”, de “The Look” ou encore de “She Wants”. Joseph Mount himself revient, l’occasion des dix ans de ce chef-d’œuvre, sur les morceaux qui l’ont influencés au moment de la conception du disque. À toi la parole, Joseph.
Kanye West, « Runaway »
À l’époque où je composais The French Riviera, c’était le moment où Kanye West avait cette incroyable phase hyper créative et excitante dans sa musique. J’écoutais tout le temps My beautiful Dark twisted Fantasy. Cet album m’enthousiasmait vraiment.
C’est le genre de disque dont on est jaloux tellement il est ambitieux dans sa conception. Quand on me demandait quel genre de chanson d’un autre artiste, j’aurais aimé avoir écrite, je répondais toujours “Runaway” de Kanye West.
Je le pense encore aujourd’hui, et quand j’enregistrais et qu’on mixait The English Riviera, cette chanson et cet album en général, c’était une sorte d’idéal, un Graal.
Kelis (feat Andre 3000), “Millionaire”
Je pense que tous ceux qui me connaissent savent que j’ai eu une phase « Outkast » très intensive. Et je crois que, pour les gens de mon âge, les albums The Love Below et Speakerbox, et particulièrement The Love Below, ont influencé énormément de gens.
Franchement, peu importe le style de musique que vous faisiez, tout le monde a été impressionné et influencé par ces albums.
Donc quand je composais The English Riviera, j’étais encore dans une très grosse phase Outkast, et quand j’écrivais “The Look”, j’essayais globalement de faire une chanson avec le même tempo que “Millionnaire” d’Andre 3000 et Kelis.
À un moment dans ma tête, j’imaginais Andre 3000 sortir de nulle part pour faire un couplet juste avant le solo clavier. Évidemment, ce n’est jamais arrivé, mais j’ai appris après que Big Boi était fan de “The Look”. À la base, il n’était pas mon membre préféré d’Outkast, mais depuis qu’il aime Metronomy, il l’est devenu !
Steely Dan, “Babylon Sisters”
Quand je composais The English Riviera, j’écoutais énormément de musique américaine de la côte Ouest. Des morceaux très smooth, du Yacht Rock, c’est comme ça que les gens l’appelaient à l’époque.
Pour moi spécifiquement, c’était la musique de Steely Dan, un groupe qui a vraiment réussi à capturer le sentiment de vivre en Californie, à capturer un son particulier, des lumières particulières…
J’ai beaucoup écouté leur musique, et surtout l’album Gaucho. L’ouverture de cet album, “Babylon Sisters” est, pour moi, l’une des meilleures chansons sur sur Los Angeles ou San Francisco. Et j’ai donc essayé de faire la même chose avec l’esprit sud-ouest de l’Angleterre.
“Veridis quo”, Daft Punk
Je me souviens quand nous étions en phase promotionnelle de The English Riviera, le banger de l’album était sorti accompagné d’une super citation qui à beaucoup été utilisée ensuite, ou quelqu’un demandait à quoi ressemblait les nouvelles sonorités de Metronomy, et la personne en face répondait : “Ça ressemble à une rencontre entre The Eagles et Daft Punk”. Et c’est peut-être amusant, mais c’est également assez frappant quand quelqu’un réussit à encapsuler exactement ce que vous essayer de faire.
J’ai déjà mentionné Steely Dan comme influence sur cet album. Je connaissais peut-être un peu moins The Eagles mais Daft Punk a été une influence sur la manière dont je fais de la musique depuis longtemps. Et plus particulièrement avec une chanson comme “The Bay” sur cet album où j’essayais de faire une sorte de morceau disco. Je pense vraiment que c’est sur “The Bay” qu’on retrouve la rencontre des Eagles avec Daft Punk. À chaque fois que je pense à Daft Punk, à leur musique et à mon morceau préféré de Daft Punk c’est toujours “Veridis Quo”.
Ce morceau est probablement sur beaucoup de playlist que j’ai faites. Je l’adore, il a ce groove disco lent, vous pouvez danser en l’écoutant, mais aussi pleurer en l’écoutant. C’est, pour moi, une chanson parfaite.
Chick Corea, “El Bozo (part 3)«
En composant cet album, j’essayais de faire une version moderne d’un album concept des années 70. J’écoutais des choses comme Steely Dan, Stevie Wonder, Outkast. Et puis un jour, la mère d’Oscar, Barbara, lui a envoyé des copies d’un album de Chick Corea qui s’appelait My Spanish Heart. Il y avait trois morceaux sur cet album intitulés “El Bozo” partie 1, 2 et 3. Elle a dû penser qu’ils sonnaient un peu comme Metronomy.
Donc j’ai commencé à écouter Chick Corea et en particulier le morceau “El Bozo part 3” qui, je pense, m’a aidé à écrire. Cette idée de fusion jazzy avec des instruments traditionnels remplacée par les synthétiseurs… Donc oui, ce morceau “El Bozo part 3” a vraiment influencé les moments plus jazzy de l’album.