Le pays des Pharaons est devenu l’un des hauts lieux du hip-hop, avec des artistes qui s’exportent à l’international et notamment des rappeuses.
C’était un genre underground et voilà qu’en 2023, entre le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Asie du Sud, 60% des artistes arabes les plus écoutés étaient des artistes hip-hop. Le rap s’impose partout dans le monde, et le paysage musical égyptien n’y échappe pas. Les rappeurs et rappeuses du pays d’Afrique du Nord s’exportent même, avec de plus en plus de tournées en Europe et aux États-Unis.
Wegz, l’artiste arabe le plus écouté
Parmi les grands noms, Wegz a été en 2022 l’artiste arabe le plus écouté au Maghreb et au Moyen-Orient sur Spotify. Il a connu son heure de gloire en performant lors de la finale de la coupe du monde au Qatar, avec son morceau « Ezz Al Arab ».
Dareen, la rappeuse du moment
La scène rap égyptienne évolue rapidement, les tubes d’artistes venus des quatre coins du pays s’enchainent. Beaucoup viennent d’Alexandrie, comme Wegz ou encore Dareen, une des grosses stars du moment.
D’Alexandrie au Caire
Pour elle, si beaucoup de rappeurs et rappeuses d’Égypte viennent d’Alexandrie, c’est parce que « c’est dans la nature. C’est la mer et l’exiguïté de la ville qui permettent aux individus talentueux de s’élever plus facilement et de ne pas se perdre dans la foule. ».
Tous et toutes finissent malgré tout par rejoindre la foule au Caire, car c’est là où se trouvent les studios, et où la scène est véritablement en ébullition.
Le rap égyptien réservé aux classes supérieures
En Égypte, le genre le plus populaire est un type de rap local : le mahraganat. Interrogé par l’AFP, le chercheur Amr Abdelrahim le différencie du « rap » et assure que, dans son pays, le rap est plutôt réservé aux classes moyennes et supérieures, « on est loin des ghettos afro-américains où le rap est né il y a un demi-siècle ». La musique la plus populaire, c’est le mahraganat, ce shaabi-electro, mélange de musique populaire égyptienne jouée dans les mariages, d’EDM et de hip-hop.
« Il suffit de se balader au Caire, dit encore Amr Abdelrahim. Dans les touks-touks, les magasins, ce qui s’écoute dans la rue, c’est l’électro-chaâbi des mahraganat, avec ses textes glorifiant la masculinité, la force ou l’argent. »
Dareen veut « mettre l’Égypte sur la carte ».
Comme beaucoup de jeunes artistes, Dareen rappe sur les rythmes du mahraganat. « Je pense que rapper sur les rythmes du Mahraganat aide à représenter d’où je viens et pour qui je fais ça », explique l’artiste dans une interview pour Mille. « C’est vraiment un son égyptien, et lorsqu’on l’entend à l’étranger, on l’associe automatiquement à l’Égypte. Son rythme et son énergie portent l’essence des rues, ses histoires et la culture vibrante qui m’a façonné. C’est une manière de rendre un hommage. » Dareen entend bien mettre l’Égypte sur la carte du paysage rap mondial.
Dans un pays où les femmes représentent 15% de la population active
En étant rappeuse en Egypte, Dareen lutte aussi pour exister dans un pays où les injonctions sociales pèsent lourdement sur le corps des femmes. « Les rappeuses sont jugées à la fois par la société et par leurs familles » relève Amr Abdelrahim. Cela, dans un pays où elles ne représentent que 15% de la population active. C’est trois fois moins que la moyenne mondiale. On salue d’autant plus cette diversité de profils de rappeuses qui débarque sur la scène égyptienne.
Dareen, Phaty, Hala, elles sont les fers de lance d’un mouvement à suivre de près.